mardi 19 août 2025

L' histoire des écoles de Dinan. Sommaire

L'histoire des écoles de Dinan aux XIXe et XXe siècles n'était pas très bien connue. Pourtant elle offre une richesse particulière car la ville a depuis longtemps été le lieu de nombreuses initiatives remarquables sur le plan de l'éducation des jeunes enfants. Initiatives privées ou municipales, religieuses ou laïques, éphémères ou durables mais toutes ont contribué au rayonnement de la cité.

Ce récit est l'aboutissement d'une quinzaine d'années de recherches aux archives municipales, départementales et dans les écoles, et aussi d'une actualisation constante. Il est aussi le fruit d'un patient collectage au fur et à mesure de nombreuses rencontres qui en font le dépositaire d'une mémoire vivante.

Il offre un panorama complet des écoles de Dinan à travers les siècles. De nombreuses écoles ont disparu depuis peu ou il y a longtemps, d'autres sont inconnues, certaines toujours bien actives : vous connaîtrez leur histoire. En reconstituant le puzzle des écoles primaires de Dinan, cette histoire cherche à rendre visible la mémoire collective qui nourrit la vie de la cité.


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Les écoles de Dinan

Cliquer sur le lien pour accéder à l'histoire de chaque école

 
1794-1833 Les premières écoles de Dinan, ici
1803-1977 L’École annexée au collège des Cordeliers, ici
1823-1935 L’École des Ursulines, La Victoire, ici
1827 Les pensionnats (Desguez, Pension anglaise etc.), ici
1833-1866  L’École mutuelle. M. Leyder, ici
1833-1903 L’École des Frères la Mennais, ici
1833-1907 L’École des soeurs de la Sagesse, ici
1833-1965 L’École annexée au collège des garçons, ici
1833-1960 L'École primaire supérieure annexée au collège des garçons et le C.E.G Honoré-le-Dû, ici
1852 L’École de la Garaye, ici
1866-1999 L’École des garçons (en 1913 nouveau bâtiment nommé École Honoré le Dû en  1937), ici
1877 Les salésiens, l’École de rééducation, l’I.M.E, ici
1905-1981 L’École Duguesclin, ici
1905-1996  L’École Chauffepieds, ici
1906-1908, L’École Notre-Dame-de-Lourdes, rue de La Garaye, ici 
1907 L’École du Sacré-Cœur, ici
1909-1999 L’École primaire annexée au Collège des filles (puis école Broussais), ici
1914-1999 L'histoire complète du Collège de Filles, rue Broussais, ici
1954 L’École des Fontaines, ici
1966 L’École du Clos-Joli, ici
1971-1996 L’École de La Source, ici
1973-1996 L’École de La Bretonnière, ici
1996-2009 L'Ecole Yvonne Jean-Haffen, ici
1976 L’École de La Ruche, ici
1977 L’École Sainte-Croix, ici
2000 L’École Diwan, ici
 

Des articles thématiques sur les écoles de Dinan.

Des militaires dans les écoles de Dinan. 1887-1891, ici
Une crèche pour des écoliers de Dinan pendant la Guerre 14-18, ici 
Les écoles de Dinan en première ligne en 14-18, ici
La création de la cantine des écoles de Dinan, ici
Les actions pour valoriser le patrimoine des écoles de Dinan, ici 
Les Fêtes de la Jeunesse des écoles publiques de Dinan, ici

Des portraits, des notices biographiques 

Des Résistants, des Déportés  :
Marie-Reine Blanchard, école La Garaye, ici (article décembre 2024)
Marie Talet, ancienne directrice de l'école Broussais, ici (nouvelles photos en janvier et mars 2025)
Pierre-André Quélen, école Honoré-le-Dû, ici
Hyacinthe Merrien, école Honoré-le-Dû, ici
Yves Briand, école Honoré-le-Dû, ici
Francis Hervy, école Honoré-le-Dû, Résistant, ici 
Sylvain Loguillard, 1958, directeur, homme politique, ici 
Augustin Le Guen, il enseignait à l'école de Quévert, pas à Dinan, mais son histoire mérite d'être mieux connue, ici
 
Enseignantes persécutées par les mesures antisémites
Les 3 soeurs Eskenazi (Jeannine Koskas, née Eskenazi ; Paulette Eskenazi ; Micheline Chapron, née Eskenazi ici (article en 2025)
Documents d'archives sur les soeurs Eskenazi en 1942, ici
 
Des enseignants de l'école des garçons (Honoré-le-Dû) de Dinan
Honoré le Dû, 1885, directeur, ici
Jules Herbert, 1887, instituteur, ici
François Bois, 1900, instituteur, ici
Alexis Tardivel, 1904, instituteur, ici (article juillet 2025)
Victor Théault, 1905, instituteur, ici (article juillet 2025)
Pierre Pillon, 1907, instituteur, ici
Pierre Bellebon, 1913, instituteur, ici (article 2024)
Joseph Huet, 1919, ici (article juin 2025)
Marie-Ange Tréguy, 1927, ici
André Raoult, 1929-1937, directeur, ici (article nov 2024)
Victorine Raoult, 1929-1931, ici  (article juin 2025)
François Cario, 1937-1944, directeur, ici (article juillet 2025)
Marie Cario, 1940-1941, ici (article juillet 2025)
Eugène Lefeuvre, 1939-1944, ici (article juillet 2025)
François Le Meur, 1945, directeur, peintre (Franck Le Meur), ici
Thierry Bouin, 1993, directeur, ici 
 
Biographies de tous les instituteurs de l'école Honoré-le-Dû de 1866 à 1999, ici
 
Biographies de toutes les institutrices de l'école Chauffepieds de 1905 à 1971, ici
 
Galerie de portraits de personnalités liées aux écoles de Dinan
Jean-Marie de La Mennais,  Isidor Leyder, Pierre Pillon, Cécile Convèze, Félicité Chédemail, François Delhommeau, Mère Marie de Saint-Julien, René Benoit, Eugène Doublet, ici (article août 2025)
 
Ecole mutuelle de Dinan 1833
Isidor Leyder, directeur de l'école, 1833-1866, ici (article août 2025)
 
A l’École Primaire Supérieure Dinan
Jean Urvoy, ancien instituteur et peintre, ici
 
Au collège des Garçons de Dinan
François-Marie Luzel, instituteur et écrivain 1848, ici
Léon Lehuby, instituteur, 1903-1937, ici (article juillet 2025)
 
A l'école de La Garaye de Dinan
Eugénie Théault, née Relandeau, 1905-1906, cliquer ici (article août 2025)
Emma Moisan, née Guyomard, primaire 1907-1936, ici (article Juillet 2025)
Marie Dagorne, directrice et rue Marie Dagorne à Dinan ici
Anna Frélicot, directrice 1933-1946, cliquer ici (article août 2025)
Thérèse Bertault, années 50, ici (article janvier 2025)
Marie-Reine Blanchard, maternelle 1924, ici (article janvier 2025)
Marie Cario, 1937-1940, ici (article juillet 2025)
Marie Lefèvre, née Fleury, 1910-1936, ici (article de décembre 2024)
Jeannine Koskas, née Eskenazi, ici (article de décembre 2024)
Marie-Françoise Pillon, institutrice, ici
Marie-France Treize, directrice, ici 
Maryvonne Durand, 1977-2003, ici
Sont regroupées dans le même article avec des photos : Cécile Convèze, Félicité Chédemail,  Léonie Leclerc'h, Mme Hervé, Anna Frélicot, Louise Cholet, Mme Simon, Mme Fouyer, Mme Yvergniaux, Mlle Lecorguillé, Jeannine Koskas, ici
 
A l'école Chauffepieds de Dinan
Marie Morin, directrice, 1902-1921, ici (août 2025)
Augustine Carpier, née Campion, 1905, ici (Juin 2025
Marie-Françoise Bellebon, institutrice, 1913, ici (Janvier 2024)
Marie-Françoise Pillon, institutrice, ici
Louise Drouot, directrice de 1934 à 1945, ici (Janvier 2024)
Lucienne Coadou, directrice 1945-1958, ici (août 2025)
 
A l'école de La Bretonnière de Dinan
Christiane Nennot, directrice, ici
 
A l'école des Fontaines de Dinan
Marie-Ange Clavier, directeur, ici (Septembre 2023)
Thérèse Bertault, 1956-1965, ici (article janvier 2025)
 
A l'école de rééducation (I.M.E Beaumanoir) à Dinan
Marie-Ange Tréguy, directeur, ici (septembre 2023)
Jeanne Blais, institutrice de 1938-1948, ici (article décembre 2024)
 
A l'école Broussais
Augusta Vidal, directrice du collège et de l'école Primaire (1933 à 1953), ici, (novembre 2023)
Jeanne Menard, classe enfantine (1921 à 1952), ici (édité en novembre 2023)
Madeleine Hesry, née Olivier (1947 à ?), ici (édité en décembre 2023)
 
Liste des instituteurs engagés sur des listes aux élections municipales à Dinan, ici
 
Les instituteurs de Dinan, pionniers du syndicalisme enseignant, ici
 
Liste des instituteurs des écoles publiques de Dinan 1910-1940, ici
 
Des artistes en lien avec les écoles de Dinan :
René Paraire (1919-1987), cliquer ici
René-Théophile Eschapasse (1934, au collège de Dinan), (Article complété en 2025), cliquer ici
Un artiste ayant représenté les écoles de Dinan :
Léon Hamonet, cliquer ici
 
Supplément : Louis Lemarchand (il n'a pas dessiné ou peint les écoles mais ses publication dans Ouest-Eclair et Ouest-France de 1942 à 1955 méritent d'être mieux connues car elles parlent du Dinan d'autrefois), cliquer ici 
 
Un instituteur à découvrir, dans le Trégor...
Marcel Le Toiser (1907-1982), instituteur, peintre, autonomiste breton, cliquer ici

 

Des liens pour retrouver des documents sur les écoles de Dinan.

Livre de classe imprimé à Dinan en 1828, publication en format PDF, cliquer ici

Cahier du comité de patronage de l'école de la Garaye (1855-1903), transcription éditée en format PDF, cliquer ici

Lien pour consulter la liste de tous les élèves des écoles de Dinan en 1884-1885, cliquer ici

Lien pour découvrir l'histoire de Pierre Pillon, instituteur à l'école des garçons et tué au combat en 1917, cliquer ici
 
 
Bonus
Quelques photos d'écoles, rapportées de voyages dans différents pays du monde, cliquer ici
 
Pour en savoir plus
 
Les écoles de Dinan ont une longue histoire, qu'il fallait éclairer. Depuis 2007, j'ai collecté de très nombreux renseignements sur ce sujet. Il m'a toujours semblé nécessaire de les partager, d'où, en 2008, l'édition d'un livre sur l'école de la Garaye, d'un blog (cliquer ici ) et de différents articles dans la presse locale...
 
Dans la publication Le Pays de Dinan 2015, un article de 45 pages présente l'histoire des écoles de Dinan aux 19ème et 20ème siècles (photos ci-dessous). 
 

Le Pays de Dinan 2015, couverture

 
Ne manquez pas de faire l'acquisition de cet ouvrage en vente à la bibliothèque de Dinan et dans les librairies. 
Lien pour obtenir le détail de l'ouvrage et le bulletin de commande 
Cet article vous donnera le fil conducteur et en complément, vous aurez dans ce blog des centaines de documents pour enrichir votre lecture.

Si vous préférez la lecture complète de cette histoire des écoles sur papier, vous pouvez vous plonger dans le livre de plus de 100 pages que j'ai écrit en 2016 (version actualisée chaque année), et publié en quelques exemplaires (un livre rare!).
 
Cet ouvrage est consultable à la bibliothèque de Dinan, aux Archives Départementales des Côtes-d'Armor et à la bibliothèque André Malraux à Saint-Brieuc.
Vous pouvez aussi consulter le livre LES ECOLES PRIMAIRES DE DINAN en ligne en cliquant ICI
 
Si vous souhaitez en faire l'acquisition, il m'en reste deux exemplaires. Contactez-moi si ça vous intéresse, cet ouvrage rare est au prix de cinquantaine d'euros.




A noter aussi que du 1er février au 30 avril 2016, un public nombreux a pu visiter, à la bibliothèque municipale, l'exposition "Construire et Eduquer : les écoles primaires de Dinan".


Au sommaire du blog :

Une fiche de présentation de chaque école.
Des liens pour accéder à des centaines de documents d’archives (archives municipales et départementales, archives personnelles, archives des écoles, plans, articles de presse, photographies, publication des résultats au Certificat d’études…)
Une base de données avec des listes d'enseignants, pour plusieurs écoles. Les nommer c'est une forme d'hommage rendu à toutes ces personnes. Vous y retrouverez certainement ceux et celles qui vous ont marqué. 
Des biographies inédites.
Des documents sur des sujets en rapport avec les écoles de Dinan (les cantines, les comités de patronage, les écoles en 14-18, des livres numérisés, les actions sur la sauvegarde du patrimoine scolaire…)
Une page avec les corrections à apporter sur le texte publié. J'en ai repéré certaines alors que le texte était déjà parti à l'imprimerie et compte sur vos observations et vos connaissances pour en signaler d'autres.

Bonne lecture !


Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre...
 

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samedi 16 août 2025

Eugène Doublet (1930-2013), ancien élève des écoles publiques de Dinan, conseiller municipal

 

Eugène Doublet (en 2001)
 
Eugène Doublet est né en 1930 à Dinan, son père était représentant en mercerie, engagé dans la vie municipale à gauche. Eugène Doublet conservait de précieux documents sur les écoles de Dinan comme ce cahier de sa mère datant de 1906-1907. Sa mère, Gabrielle Brasset, était élève à l’école de La Garaye.
 

Il va acquérir toutes les bases de la scolarité à Dinan, tout d'abord à l’école Broussais dans la classe de Mme Menard dont il parlait avec admiration.
Il avait également gardé des photos de classe de sa jeunesse à Broussais.
Eugène Doublet, debout à la gauche de Mme Menard. Photo transmise à la Bibliothèque par R. Fortat
 
Eugène Doublet est assis tout à fait à gauche. Classe enfantine 1936-1937 Ecole Broussais avec Mme Menard.
Puis à l’école communale Honoré-le-Dû de 1936 à 1941, il réussit brillamment et enfin, il continue au collège de Dinan (aujourd'hui le collège Roger-Vercel). 
 
L'ENA et au ministère
Plus tard, à l'issue de ses études à Rennes, il va obtenir un doctorat en droit avec mention bien. Il présente et soutien à cette occasion une thèse sur Yves Guyot, son action, sa pensée. Ouest-France s'en fait l'écho dans un article daté du 15 avril 1955 et le félicite : "Nous lui présentons nos très vifs compliments."
Il sera reçu à l'ENA (l'École Nationale d'Administration)
, dans la promotion Saint-Just
Devenu administrateur civil à l'Éducation nationale, il avait d’importantes responsabilités dans ce ministère où il avait notamment contribué à la rédaction de la première loi sur le voile islamique. 
Il fit valoir ses droits à la retraite en 1991. 
Un homme engagé dans la vie municipale
Ses convictions de gauche l’ont amené à s’engager dans la vie politique avec les Radicaux de gauche dont il fut Président départemental jusqu'en 1993. Mais c'est surtout dans la vie municipale qu'il mènera des combats. Tout d’abord élu en 1989 sur la liste de Didier Morel, il siège dans l’opposition. 
 
Ci-dessous, en 1993 à l'occasion de la visite de Danièle Mitterrand au collège de Dinan, on reconnait à gauche Simone Vercel, Eugène Doublet, Charles Josselin, Danièle Mitterrand
 
Photo Ouest-France

Eugène Doublet est ensuite réélu conseiller municipal en 1995 et 2001, jusqu'en 2008. Ses interventions dans les débats étaient toujours argumentées et de qualité. Rappelons en particulier, à propos des écoles, le débat municipal en 1999 où il vota pour la fermeture de l’école Honoré-le-Dû et de Broussais et qui fut un moment particulièrement pénible pour lui. En 2002 il prit une part active dans le débat sur le contrat avec l'école Diwan revendiquant son opposition : "Nous sommes en pays gallo. Installer une école en breton à Dinan n'est pas logique. Je suis jacobin et fier de l'être: ce sont eux qui ont inventé la République"...
On l'a souvent vu dans le combat pour le maintien et pour le développement de la gare de Dinan avec en particulier Michel Gaudin et Théo Marteil. Il a aussi été secrétaire de l'amicale des anciens élèves du collège Roger Vercel.
Un grave accident l'avait diminué après une chute dans les escaliers en granit de la mairie, à la sortie d'un conseil municipal en novembre 2004.
Eugène Doublet est décédé le 8 octobre 2013 à l'âge de 83 ans et sa tombe se trouve au cimetière de Dinan.
Sources

Entretiens avec Eugène Doublet en 2006

Lire l'article d'Eugène Doublet : Les dix ans du club lecture de la bibliothèque municipale, Le Pays de Dinan 2001.

Thèse d'Eugène Doublet sur Yves Guyot (disponible sur consultation à la bibliothèque de Dinan)

Site Généanet, fiche sur Eugène Doublet père, cliquer ici

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DOCUMENT

Un article du 2 juillet 1999 dans Ouest-France où Eugène Doublet confie ses souvenirs de l'école. Des propos recueillis alors par Denis Riou.

"M. Lecrubier, en CP ; M. Huet, en CE1 ; M. Merrien, en CE2 ; M. Moisan en CM1 ; M. Briand, en CM2". Un peu comme une récitation à jamais gravée en mémoire, Eugène Doublet est capable d'aligner avec une mémoire sans faille le nom de tous les instituteurs qu'il a connus à Honoré le Dû, de 1936 à 1941. "Ils m'ont tellement marqué. Ils nous ont tellement marqués, devrais-je dire. Quand on se rencontre avec quelques anciens élèves, on a tous des souvenirs en commun, des anecdotes. M. Merrien, qu'on appelait le petit-père moins 5 parce qu'il arrivait toujours un peu avant l'heure". L'admiration et la reconnaissance se mêlent au fil du témoignage. "C'étaient tous d'excellents instituteurs, rigoureux et justes. Des instituteurs façon IIIe République. Avec le temps, forcément on enjolive, mais pour les élèves de ma génération, l'instituteur c'était celui qui creuse les fondations. Et les fondations étaient drôlement bonnes. Certains habitaient de presque taudis". La communale des souvenirs d'Eugène Doublet, c'était l'unique école publique de garçons à Dinan. Elle n'avait pas tout à fait bonne réputation. La bonne éducation, c'était plutôt les frères des écoles chrétiennes. "L'animosité avec les écoles catholiques était encore assez forte. Je me souviens que, dans la cour, arrivaient chaque matin 4 à 5 enfants de l'Assistance publique dans leur uniforme noir et triste. Ils étaient logés dans le couvent des Catherinettes. La profession de mon père, représentant en mercerie-bonneterie, nous classait plutôt dans la petite bourgeoisie, mais de nombreux enfants d'extraction modeste étaient scolarisés à Honoré-Le-Dû. Certains habitaient les presque taudis de la rue du Jerzual. Honoré-Le Dû, c'était aussi cela, la communale, creuset où se côtoyaient différentes classes sociales. A la fin de l'année, traditionnellement on partait à Dinard en micheline. Chaque gamin emportait son pique-nique. On n'était pas tous à égalité avec le contenu de nos paniers, mais on partageait". Dans la cour de récréation en terre et en cailloux, le petit Eugène jouait au Tour de France. "On dessinait un vague circuit dans la terre. On s'attribuait des noms de coureurs de l'époque. Moi, je voulais être Jean-Marie Goasmat. C'était un bon grimpeur, mais il freinait dans les descentes... Ou alors on jouait aux billes ou aux gendarmes et aux voleurs. De temps en temps, au calibobo. J'ai jamais vraiment su pour quoi ce jeu s'appelait comme cela. Tantôt les maîtres nous l'interdisaient, tantôt ils le toléraient. Deux ou trois élèves s'appuyaient avec les bras face au mur. Le jeu consistait à faire une pyramide en sautant sur les épaules des copains. La rentrée des classes se faisait en rang et en silence, s'il vous plaît. On s'alignait au pied des escaliers devant chaque classe et sans bousculade. Il fallait présenter les mains des deux côtés. Si jamais elles étaient sales, on était prié d'aller se les laver ¬ à l'eau froide évidemment ¬ dans les sanitaires. A l'époque, les toilettes étaient au milieu de la cour. Elles formaient une séparation que prolongeait une sorte de ligne invisible entre la cour des petits et des grands. Même pendant les récréations, jamais on aurait osé la franchir. Dans la salle de classe, un poêle au bois servait de chauffage. Chaque soir avant de partir, deux élèves étaient désignés pour l'allumer le lendemain. Il fallait arriver plus tôt, mais nous considérions cela comme un honneur. En compagnie de l'instituteur, on chargeait le petit bois, les bûches, puis on craquait l'allumette. Craquer l'allumette, c'était quelque chose. Dès le début de la guerre, le bois de chauffage était rationné. Il faisait tellement froid dans la salle que l'encre gelait dans l'encrier certains matins. On se disait : "Chic, au moins ce matin, il n'y aura pas dictée". La dictée, c'était le rituel du matin. Surtout l'année du certificat d'étude. Le certif, c'était l'objectif. La journée était rythmée par des matières : arithmétique, conjugaison, chant. Même si je n'en suis pas nostalgique, à chaque époque son style d'enseignement, cette rigueur me plaisait. Elle rendait service. On sortait avec un bon bagage, parce qu'à cette époque, c'était le bagage de toute une vie". 

Peu de temps après la parution de cet article il avait tenu à faire une mise au point... (10 mars 2003 Ouest-France)


 
Décès, 11 octobre 2013 Ouest-France



vendredi 15 août 2025

Anna Frélicot (1891-1971), directrice de l'école La Garaye Dinan, 1933-1946

 

Anna Frélicot 1941

Anna Frélicot est née le 18 Mai 1891 à Trédion (Morbihan). Son père est Célestin Marie Frélicot, né en 1854 à Plélo (22), instituteur à Trédion; sa mère, Clémentine Joséphine Lévêque(1867-1908), propriétaire. Bien que travaillant comme instituteur dans le Morbihan au moment de la naissance d'Anna, son père va revenir ensuite dans les Côtes-du-Nord, dans le secteur de Lamballe, en 1909 il réside à Maroué par exemple et il se remarie à Lamballe en 1914 (la mère d'Anna étant décédée en 1908).

La famille Frélicot est très attachée à l'enseignement : la sœur d'Anna, Maria, et l’un de ses frères deviendront aussi instituteurs. On sait par exemple qu'Albert Frélicot était directeur d'école à Lanrelas en 1946...

Registre des naissances 1891 Trédion 56. Archives en ligne.
Femme au fort caractère, d'après tous les témoignages recueillis, elle marquera profondément ses élèves qui l'auront eu à Dinan. Peut-être aussi parce que, dans les années 40, son esprit frondeur était en phase avec ses grandes élèves qui ne supportaient pas l'occupation allemande...

Une carrière dans l'enseignement primaire

Anna Frélicot rentre à l’École normale de Vannes d’octobre 1907 à juillet 1910, passe son CAP le 25 novembre 1911. Elle obtient son Certificat d’études musicales en 1908 et le CAP d’enseignement de la musique. 

Les postes qu'elle a occupés sont : Plessis Jaulme et St Malo de Beignon (Morbihan) 1910 ; Saint-Mayeux (22) en 1911 ; Saint-Étienne du Gué de l’Isle en 1919 ; Mûr de Bretagne 1923, directrice 2 classes. Elle arrive à Dinan à l'École de filles, rue de La Garaye, le 1er Octobre 1933 ; elle occupe le poste de directrice en remplacement de Mme Lemoigne.


Les inspections

Les rapports d'inspections nous donnent toujours de précieux renseignements sur la manière dont travaillent une enseignante et directrice, sur ses relations avec l'adminitration mais également sur les mentalités de l'époque... En voici quelques extraits concernant Mlle Frélicot.

Rapport 1934. AD22

Inspectée le 24 avril 1934, l'inspecteur M. Clémens note : "Les fillettes lisent avec aisance ; elles articulent bien…Lorsque j’interroge en grammaire, je constate que le niveau atteint par la classe est, dans l’ensemble, très satisfaisant.
Géographie. Leçon sur l’Asie physique ; Leçon méthodique, claire, constamment appuyée sur l’observation de la carte…
Classe très propre, très bien tenue, et ornée avec goût
".

Nouvelle inspection le 2 Février 1935. On apprend que les classes ont été électrifiées tout récemment.
"Élèves très attentives, bonnes tenues. Il y a dans l’action de la maîtresse un souci très net d’éducation morale …
Mlle Frélicot dirige son école avec beaucoup de tact et d’adresse…Élèves actives, entraînées … laborieuses. En somme une fort bonne classe et une direction d’école bien comprise
".

Le 13 décembre 1935, il y a  35 présentes dans ce Cours moyen 2 et Cours supérieur 1ère année.
"On commence la classe en chantant. Très bien (chœur)
Récitation : Première gelée, vers de J. Richepin
". L'inspecteur apprécie aussi l'achat et distribution de vêtements avec la caisse des écoles.

Le 10 novembre 1936 : "Mlle Frélicot est essentiellement une éducatrice. Les élèves sont d’une politesse rare ; elles ont le rare bonheur d’être l’objet d’une Éducation qui ne néglige rien…Mlle Frélicot est directrice de cette école depuis 3 années et elle y a fortement marqué son passage. Institutrice qui se situe dans l’élite, elle sait donner un enseignement à caractère nettement éducatif. C’est peut-être dans son action morale que Mlle Frélicot se révèle et se détache en relief. D’ailleurs tout ce qui est scolaire, tout ce qui contribue à la prospérité de son école est l’objet de ses soins attentifs. Je suis très heureux d’exprimer à Mlle Frélicot toute mon estime et mes compliments sans réserve.
Mlle Frélicot s’intéresse aux œuvres post-scolaires et complémentaires de l’École : aide aux enfants indigents, avec le concours de personnes généreuses, amies personnelles de Mlle Frélicot. Une coopérative scolaire prospère dans cette école. Participation très active à la fête scolaire annuelle. Institutrice dévouée qui se passionne pour la prospérité de son école
".

Carte de visite. Archives municipales de Dinan
Le 18 février 1937, 33 élèves présentes et l'inspecteur ne tarit pas d'éloges : "Je renouvelle à Mlle Frélicot toute mon estime pour son travail des plus fructueux et pour l’allure vivante de sa classe".
Lors de l'inspection du 22 octobre 1940, on note 37 présentes et un certain changement de ton : "Histoire et géographie : reportez-vous aux programmes du 14 septembre 1940 ; en géographie, leçon passable ; les devoirs du soir : autant pour satisfaire les familles que pour occuper l’activité des élèves en étude surveillée Mlle Frélicot distribue à ses élèves des devoirs écrits par trop abondants...
Classe, école bien tenue. Les élèves sont propres, appliquées en général mais que de rappels à l’ordre !
Mlle Frélicot se donne certainement beaucoup de peine dans sa classe. Elle y apporte beaucoup de dévouement. Mais ce qui manque c’est la netteté, la rigueur du but visé et aussi le calme intérieur. J’apprécie clairement tout l’effort que vous faites mais ordonnez-le.
"

Fin de carrière

Mlle Frélicot 1941

Mlle Frélicot est mise en retraite le 31 décembre 1941 selon les directives de la Loi du 11 octobre 1940 dans l’enseignement qui pousse les institutrices vers la retraite et le retour à la maison. Pourtant ce n'était pas sa volonté et elle l'a manifesté clairement dans un courrier à l'Inspecteur d'Académie. Voilà ce qu'elle écrivait le 1er mars 1941: "Je n'ai que 49 ans dans le moment, je me porte très bien et je ne souhaite pas du tout ma mise à la retraite." L'inspecteur primaire lui oppose un refus très ferme : "Avis très défavorable. La demande de dérogation n'est pas justifiée." Et l'Inspecteur d'Académie est encore plus dur : "Institutrice moyenne. Aucune charge de famille. Dérogation injustifiée." Ces propos s'inscrivent en faux avec tous les compliments qui étaient adressés à Mlle Frélicot ("Institutrice qui se situe dans l'élite")...avant la mise en place du régime de Vichy.

Archives départementales. 1T

A la fin du régime de Vichy, Mlle Frélicot est réintégrée dans ses fonctions le 1 décembre 1944 en remplacement de Mme Bourguignon. Elle prend sa retraite volontaire et définitive à 55 ans le 1er octobre 1946.

Elle aura obtenu plusieurs distinctions pendant sa carrière : Médaille de bronze en août 1939 et Diplôme d’officier de l’Instruction publique en septembre 1947.

Anna Frélicot est décédée à Lamballe le 26 juin 1971

 

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A suivre

Article sur l'histoire de l'école de La Garaye, cliquer ici

Sources

Registre des naissances de Trédion (56) 1891, vue 73, cliquer ici

La Garaye, une école à Dinan. Richard Fortat. Livre publié en 2008. Collection Le Pays de Dinan.

Archives départementales, dossier des instituteurs 1T

Fiche Généanet, Célestin Frélicot, père d'Anna, cliquer ici

Fiche Généanet Victor Frélicot, cliquer ici 

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DOCUMENTS
Dossier des institutrices. Série 1T AD22