11 mars 1998 Ouest-France |
Un article de Ouest-France daté du 10 avril 1998 va donner une grande visibilité au projet. On reconnait sur la photo Annie Thoraval, 4e en partant de la gauche et Marie-Emmanuelle Vallée-Henry, tout à fait à droite.
Texte de l'article du 10 avril 1998 :
"Alors que 2 500 personnes défilaient dans les rues de Rennes pour réclamer la reconnaissance officielle de la langue bretonne, d'autres se réunissaient à Le Hinglé, pès de Dinan pour mettre sur pied la création d'une école Diwan dans le secteur Dinan-Saint-Malo. En présence de Pierre le Bihan, vice-président du Centre culturel Breton de Saint-Malo, une quinzaine de personnes étaient réunies pour lancer ce projet.
Marie-Emmanuelle Vallée-Henry est à l'origine de ce projet. Installée récemment au Hinglé, cette mère de 2 enfants en bas âge, a constaté le vide existant en matière d'enseignement de la langue bretonne dans la région. Il n'y a pas d'école Diwan entre Saint-Brieuc et Rennes. Persuadée qu'il y a une demande dans ce secteur, Marie-Emmanuelle a décidé de se lancer dans l'aventure et de réunir autour d'elle des personnes convaincues et à fortes motivations.
Le 18 mars 1999, Ouest-France publie un article intitulé "La motivation des parents" avec pour but de donner la parole aux pionnières d'une école prônant le bilinguisme breton-français dans le pays de Dinan !
Agnès, Pleurtuit : « Je ne suis pas née en Bretagne, mais je suis quand même attachée à la culture bretonne. La langue en fait partie. » Marie-Emmanuelle, Le Hinglé : « Je ne suis pas bretonnante, mais je me sens Bretonne. Je voudrais que mes deux enfants aient la chance de connaître le bilinguisme. Une école Diwan peut aussi créer une dynamique culturelle dans la ville. » Natalie, Anglaise installée à Pleslin : « Les classes sont moins chargées que dans le système classique. C'est plus motivant pour les instituteurs, qui peuvent s'intéresser à la personnalité des enfants. Et la pédagogie par immersion, ça marche. » Christine, La Richardais : « La culture bretonne, la musique, ça me touche. Je suis du pays gallo, je le parle en famille, mais le breton, c'est plus sérieux. »
Diwan Dinan 29 mai 2000 Ouest-France |
A gauche Yves Boulard, président de l'association et Annie Thoraval. |
L'école Diwan ouvre le 31 août 2000, rue du Colombier, dans les anciens locaux d'un cabinet conseil. Et, fait unique dans l'histoire de Diwan, il y a eu 2 minutes dans le journal de Patrick Poivre D'Arvor le soir même ! D'autres reportages ont été diffusés par TV Breizh, FR3 Bretagne et M6 Rennes pour l'ouverture de l'école.
Le 1er septembre, Ouest-France titre : "Deux ans et demi de travail pour aboutir à la rentrée 2000".
Diwan à Dinan 1er septembre 2000 Ouest-France |
Depuis la première réunion publique, en mars 1998, l'association Skol bro ar renk (école du pays de Rance) a fait la preuve de sa détermination dans une Haute-Bretagne réputée peu bretonnante. Le petit noyau de parents éclatés entre Pleurtuit, Saint-Malo, Dinard et Dinan a réussi à garder le cap et faire aboutir le projet.
Pendant que les enfants se familiarisent avec une langue qui, jeudi matin, leur était complètement étrangère, les parents continuent de faire corps autour de leur école pour en assurer la gratuité. Frais de fonctionnement et loyer sont à la charge de l'association.
Seul le salaire de l'enseignante est assuré par Diwan breizh. « Le plus important, c'est l'état d'esprit de notre association, insiste le président, Yves Boulard. Le bilinguisme n'est pas le repli identitaire, mais l'ouverture, nous sommes tous d'accord là-dessus. »
Le nombre d'enfants était un peu juste pour cette première rentrée mais c'est suffisant au début car il a beaucoup de choses à mettre en place.
La déclaration officielle du 19 octobre 2000 parait au journal officiel. L'association modifie son appellation et devient KUZUL SKOAZELL DIWAN BRO AR RENK DIWAN PAYS DE RANCE. Son objet est la création, la promotion, le développement et la gestion de l’école Diwan en pays de Rance.
Diwan Dinan 10 décembre 2000. |
Les enfants lors de l'inauguration avec de gauche à droite Ewen, Enora, Léo, Arnaud et Marianne, Emma, Kassandra et Luc. |
Fête de Noël à l'école Diwan. Photo Annie Thoraval |
Fête de Noël à l'école Diwan. Photo Annie Thoraval |
Enora est déguisée en sandwich, plus gilet rose de sa mamie.
Février 2001 Mardi-gras Diwan. Photo Annie Thoraval |
Février 2001 Mardi-Gras. Ecole Diwan Dinan. Photo Annie Thoraval |
Des locaux scolaires sont alors attribués par la Mairie dans l'école Chauffepieds qui avait fermé auparavant. Les enfants pourront manger à la cantine du collège Vercel ou au Foyer Yves Blanchot avec les anciens.
L'école est connectée à Internet, l'abonnement coûtant 150 francs par mois, la commune prend les frais à sa charge. L'ancien mobilier de l'école maternelle est offert gracieusement à l'école Diwan pour faciliter son installation.
Diwan Dinan 21 juin 2001 Ouest-France |
"A l'origine de ce long débat, la décision du maire René Benoit de soumettre aux élus la mise à disposition de locaux à l'association. Car à Dinan, le protocole signé le 28 mai entre Andrew Lincoln, président de Diwan Bretagne et Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale, sur l'intégration des écoles bretonnantes à l'enseignement public se conjugue avec un problème très pratique. L'école a terminé l'année avec 19 élèves et Stéphane Jéhanno, président de l'association Diwan Pays de Rance, annonce 23 inscriptions à la rentrée. Pas question donc de rester dans les locaux exigus qu'elle louait rue du Colombier et qui ne peuvent pas accueillir plus de 19 enfants".
Jack Lang et Andrew Lincoln. Photo Le Télégramme |
Yvonne-Jean-Haffen : conseil d'école réservé
"Le protocole d'accord vise à intégrer Diwan dans l'enseignement public, mais l’Éducation nationale ne se précipite pas pour nous donner des consignes, a noté René Benoit en lançant la discussion. J'ai reçu Andrew Lincoln et Stéphane Jéhanno il y a une quinzaine de jours et ils m'ont présenté leur demande de locaux." Dans un premier temps, la Ville a pensé installer Diwan dans les locaux libres de l'école Yvonne-Jean-Haffen.
René Benoit. Photo 2008 |
« Nous sommes dans une période de latence où nous ignorons quels sont nos devoirs ou nos droits et sommes dans le même temps soumis à une « gentille pression amicale », a souligné Eric Fest, conseiller municipal de la minorité. « Diwan est une association au bilan remarquable mais qui n'a pas raison sur tout. Elle doit faire preuve d'autant de tolérance qu'elle demande aux autres ». En cause, la pédagogie d'apprentissage du breton par immersion : chez Diwan, les enfants doivent parler breton et uniquement breton. « Apprendre le breton avant le français est pari difficile à gagner, selon Eugène Doublet, lui aussi conseiller de la minorité. Mais si c'est un pari réaliste il faut l'appliquer aux autres langues ».
Eugène Doublet 2001 |
Certains sont allés plus loin. « Je suis hostile au fait qu'une langue régionale minoritaire soit traitée à égalité de droit avec le français », a annoncé Lucien Laplanche, adjoint aux affaires générales. « On nous demande de prendre une décision sur une base floue, a noté Yann Le Guiffant, adjoint à la culture. Nous ne devons pas créer un ghetto qui conduirait à des situations difficiles. Un préalable à l'examen du problème serait le retrait du principe d'immersion totale. » Un retrait qui semble difficile à envisager, pas plus qu'un retour en arrière du ministère.
Suspension de séance
Chose exceptionnelle, la séance a été suspendue pour permettre à Stéphane Jéhanno, président de Diwan Pays de Rance, de faire valoir ses arguments. « J'ai entendu des propos choquants, a-t-il regretté. Il faut dépassionner le débat, nous ne vivons pas sur un repli identitaire et vu la teneur du débat, il faut discuter. La solution Broussais nous convient parfaitement et je suis persuadé qu'une école Diwan à Dinan présente un intérêt ». Un intérêt manifestement relevé par les conseillers qui ont autorisé le maire à poursuivre les négociations avec l'école Diwan (21 pour, 3 contre, 4 abstentions), « pour trouver une solution provisoire », a précisé le maire.
Ils se sont ensuite montrés plus favorables à l'installation de l'école dans des locaux libres d'une publique (15 voix) plutôt qu'à une solution d'indépendance (7 pour). Cet avis n'est que consultatif puisque le maire a rappelé que la décision lui reviendrait.
La solution apportée aux problème de locaux de l'école Diwan est trouvée pendant l'été 2001. Un article de Christelle Guibert, dans l'édition de Ouest-France du 28 août, fait le point sur la situation :
Diwan Dinan avec Myriam Chopin et Sandra Thépot, institutrices et Evelyne Rebours et Claire Etienne, aides-maternelles. 28 août 2001 Ouest-France |
Sandra Thépot, nouvelle institutrice Diwan |
"Selon les propres mots du maire René Benoit, la rentrée scolaire de l'école bretonnante Diwan dans les murs de Chauffepieds constitue « le seul véritable événement de cette rentrée scolaire 2001 sur la ville ». Les prises de position, parfois très sèches et définitives, émanant aussi bien de la minorité que de la majorité lors du dernier conseil de juillet, y sont certainement pour autant que les nouveaux locaux de Chauffepieds dans ce qualificatif.
Les locaux de l'ancienne école Chauffepieds. Photo RF |
Les arguments des élus résonnent encore aux oreilles de Stéphane Jéhanno, le président de l'association Dinan Bro ar Renk qui gère l'école Diwan. « Je ne m'attendais pas à un débat de cette nature, expliquait-il hier à deux jours de la rentrée. Nous demandions juste des locaux pour cette année de transition avant les textes officiels de la circulaire sur l'intégration de Diwan dans le giron public en janvier 2002. »
Stéphane Jéhanno se dit encore « choqué », des propos entendus lorsque l'aménagement de Diwan dans une partie de l'école Yvonne Jean-Haffen avait été envisagé. « On nous a traités de sectaires parce que nous avions certaines conditions pédagogiques. Sur la cour de récréation par exemple. Il est important pour nous que les enfants puissent aussi s'amuser en parlant breton, que le breton ne soit pas seulement assimilé à du travail de classe. Dans une cour où la majorité des élèves chahuteront en français, ce n'est pas possible. » Mais il y a fort à parier que le débat sur le bilinguisme et surtout son intégration concrète dans le public ne font que débuter, à Dinan comme sur le reste de la Bretagne.
En attendant, à Diwan, on prépare avec le sourire cette année transitoire. « La municipalité a plutôt bien géré ce dossier, concède Stéphane Jéhanno. Les trois pièces de Chauffepieds dans les anciennes classes du service éducatif du patrimoine sont beaucoup plus adaptées et surtout aux normes. » Myriam Chopin, l'institutrice, confirme d'un hochement de tête : « C'est sans comparaison possible ! »
Il fallait bien ces trois pièces, deux classes et une garderie pour cette seconde rentrée scolaire. Diwan avance un chiffre de 23 inscriptions sûres, « peut-être 24 », contre 10 en 2000 et finalement 8 élèves le premier jour de rentrée l'an passé. Les bons résultats aidant et surtout la fiabilité de la structure scolaire établie, Diwan avait terminé l'année scolaire avec 19 élèves.
À Chauffepieds, Diwan dispose surtout d'une belle cour de récréation. « Les services techniques de la ville sont passés vérifier la solidité des clôtures et remplacer l'électricité », constate Stéphane Jéhanno. Finalement, à un jour de la rentrée, ne subsistaient que deux incertitudes. « Nous ne savons pas encore où les élèves vont manger », confiait Stéphane Jéhanno hier après-midi. En soirée, Daniel Mallet, l'adjoint aux affaires scolaires disait attendre une réponse du collège Roger-Vercel pour jeudi soir. « Les élèves de Diwan pourraient y manger vers 11 h 30. En attendant la réponse du principal et l'ouverture du collège, ils mangeront pour les cinq premiers jours de rentrée au foyer Yves-Blanchot. Les repas seront distribués par la cantine de la ville un peu avant 11 h 30. »
L'autre incertitude réside dans le prix du loyer que la ville demandera à l'association. « On nous a promis qu'il ne sera pas élevé », rappelle Stéphane Jéhanno. Hier soir, le maire confirmait sa promesse. Le montant sera largement inférieur aux 3 000 F mensuels qui grevaient l'an passé le budget de Diwan Bro ar Renk.
L'année 2002
L'école Diwan s'intègre dans le paysage dinannais et développe des liens avec les personnes âgées de la résidence du Jardin anglais (ci-dessous au retour d'une journée au zoo de la Bourbansais).
Diwan Dinan 6 avril 2002 Ouest-France |
Mais, au mois de juillet, l'existence de l'école Diwan est encore débattue au conseil municipal et à la communauté de communes...
Diwan Dinan 4 juillet 2002 Ouest-France |
10 juillet 2002 Ouest-France |
En septembre 2002, Stéphane Jéhanno cède la place de président à Gwendoline Corre (en photo en bas à droite de l'article). Lors de l'assemblée générale de l'association. Les effectifs sont en hausse et on parle déjà du changement de locaux.
30 septembre 2002 Ouest-France |
Le 30 juin 2004. Au port de Dinan. Sortie sur la Rance. photo Ouest-France |
28 août 2004. Photo Ouest-France |
Avec Marzhina (institutrice de CM), les enfants de Diwan ont été sélectionnés pour la demi-finale du grand concours de chant, le Kan ar bobl (Chant du Peuple) qui se déroulait cette année-là à Pontivy.
L'affaire fait grand bruit à la Ruche.
Le maire a pourtant pris les devants en livrant l'information au conseil d'école dès le 7 juin, où « des critiques ont été émises », reconnaît-il, puis en organisant une réunion de concertation entre les directions et les représentants des parents d'élèves de Diwan et de La Ruche le 29 juin. « L'entretien a été particulièrement agréable, des parents d'élèves de la Ruche ont même dit leur intérêt pour la culture bretonne », affirme René Benoit.
Le ton est tout autre aujourd'hui. « Comment faire côtoyer une école et une association d'enseignement privé sur un même site ? Cette proximité ne va-t-elle pas entraîner une confusion pour de nombreuses familles au détriment du service public ? » interroge l'association des parents d'élèves, présidée par Emmanuel Roncière, dans un communiqué. « Diwan est une école laïque en instance d'obtenir un contrat d'association », répond René Benoit, qui « en appelle à la sagesse ».
L'affaire survient dans un contexte tendu. Les parents d'élèves de la Ruche n'ont visiblement pas digéré le démantèlement du groupe scolaire. Alors qu'ils s'étaient prononcés à 69 % pour un regroupement de tous les élèves du quartier à La Ruche, pour faire face à l'érosion des effectifs, la mairie a préféré répartir les maternelles à la Ruche et les primaires à l'école Yvonne-Jean-Haffen. C'est pourquoi, il restait quatre classes vacantes à la Ruche. Ils redoutent aujourd'hui que l'installation de Diwan ne mette « un terme à la perspective de regroupement sur un seul site ». « Si demain, les effectifs continuent de baisser, il sera très facile de déménager Diwan, qui ne compte que 40 élèves, à Yvonne-Jean-Haffen », répond René Benoit. Autrement dit, en anglais : Wait and see.
Portes ouvertes et Kermesse à l'école Diwan de Dinan 28 juin 2006 |
Diwan dans l'ancienne école Yvonne Jean-Haffen, cité Amiral de la Bretonnière. 2009
Ariane Guguen, directrice de Diwan Dinan 11 février 2011 |
Cette rétrospective se termine en 2011 pour garder le recul nécessaire à l'écriture de l'histoire. Mais, bien entendu, Diwan à Dinan se vit au quotidien et on peut retrouver cette actualité sur le compte Facebook de l'école, en cliquant ici !
Kassandra et Enora 2001. Photo Annie Thoraval |
Mardi-Gras à Diwan 2001. Photo Annie Thoraval. |
Mardi-Gras à Diwan 2001, photo Annie Thoraval |
La photo a été prise lors du passage de la Redadeg
2012 : une grande fête de la Bretagne et un parcours de 1500 km en
2012 de Brest à Douarnenez. La Redadeg est une course de relais lancée en
2008 et qui a lieu tous les deux ans. Festive, populaire et engagée, elle
traverse la Bretagne, de jour comme de nuit, pour symboliser la transmission
d’une langue bretonne vivante, créative et dynamique, à travers les générations
et les territoires. Pour soutenir des projets en faveur de la langue bretonne
les kilomètres sont vendus et le bénéfice est redistribué à diverses
associations.
Le relais a été transmis de la mairie jusqu’à la porte St Louis. Le matin, deux classes de Diwan se sont retrouvées avec leurs homologues du Sacré-Cœur pour une rencontre de Gouren (lutte bretonne) suivie par un temps de danses bretonnes.
Les locaux de l'école Diwan de Dinan, 2016. (photo R.Fortat) |
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