René T. Eschapasse (1905-1957), artiste, professeur de dessin au collège de filles de Dinan. 1930-1941

R.T Eschapasse. Collection familiale

René T. Eschapasse (1905-1957) est un artiste et professeur de dessin qui a exercé au collège de filles de Dinan de 1930 à 1941. Il a laissé quelques oeuvres rattachées à son passage à Dinan et dans les environs. C'est à cette période en particulier que cet article est consacré.

Les oeuvres sur Dinan

En février 1932, le journal dinannais de gauche Le Républicain publie un article élogieux sur une exposition de René Eschapasse : "Nous apprécions en lui non seulement une technique solide, mais ce qui fait vraiment l'artiste, une vraie originalité et une grande personnalité. M. Eschapasse a été le "collaborateur" de la municipalité en aménageant les salles du Musée de l'hôtel de Ville et en reproduisant la partie de la tapisserie de Bayeux qui intéresse Dinan et qui est dans notre salle du Vieux Dinan. Il a, en très peu de temps, composé un guide de Dinan vivant et original. La ville de Dinan lui a acheté une remarquable aquarelle qui représente notre vieux beffroi sous un jour que bien peu de Dinannais connaissent, c'est à dire, vu, flanqué de sa petite tourelle, du côté opposé à l'horloge...Grâce à M. Eschapasse, désormais, elle sera ainsi visible...dans la salle du Vieux Dinan".

Le Républicain 1932 février

Le 26 février 1941, Ouest-Eclair publie  un croquis de la rue du Petit-Fort à Dinan réalisé par René T. Eschapasse. L'artiste habite rue du Roquet, toute proche de la rue du Petit-Fort...

La rue du Petit-Fort à Dinan, R-T Eschapasse 26 février 1941 Ouest-Eclair

On connait un autre dessin exécuté par R-T Eschapasse à Dinan : il s'agit d'une vue du Port. Ce dessin a été publié par un site anglais consacré à la gravure.

Le port de Dinan, R-T Eschapasse

Le port de Dinan, R-T Eschapasse

Une autre oeuvre de R-T Eschapasse figure dans l'ouvrage collectif "Centenaire de la Caisse d'épargne de Dinan 1835-1935". 

1938. Publication du Touring Club. Gallica

Le 12 juin 1936, il dessine la rue de l'Horloge pour un carton d'invitation de l'Office du Tourisme qui propose un "itinéraire d'une visite rapide de Dinan en automobile, complété d'une visite à pied des principaux monuments et sites pittoresques de la ville, établi par la Commission du Vieux Dinan".

Dans son édition du 23 juin 1936, Ouest-Eclair évoque son travail d'illustrateur d'une notice du château devant être vendue aux touristes.

23 juin 1936 Ouest-Eclair

 

Document transmis par Yvon Le Corre.

Cette gouache datée de 1932 est de René Eschapasse. Elle représente la rue de l'Horloge à Dinan et pourrait être inspirée d'un "croquis à la mine de plomb de l'historien, archéologue et archiviste Alfred Ramé, venu à de nombreuses reprises à Dinan, dans le-a seconde moitié du XIXe siècle". (Page 71, Dinan Patrimoines en pans-de-bois. Yvon Le Corre et Daniel Leloup)

R. Eschapasse. Bibliothèque municipale, B. Foster Dinan-1

On trouve un dessin de René Eschapasse dans le livre de Mathurin Monier, Dinan et ses environs, page 21.

 

 

Enfin, Alain Montagnon, collectionneur et très bon connaisseur du patrimoine dinannais, nous avait fait découvrir une intéressante composition de la rue du Jerzual de R-T Eschapasse dans le Facebook "Les peintres et la Bretagne".

Le Jerzual. R-T Eschapasse. Image Alain Montagnon. 2020 dans Les peintres et la Bretagne

  

La carrière dans l'enseignement de R-T Eschapasse

René Gabriel Jean Germain Eschapasse est né à Nantes le 21 juin 1905, son père est dessinateur. René devient bachelier en 1924. Il se marie à Nantes le 19 août 1929 avec Flavie Victoria Célina Coudron, (2e canton, n°240).

Registre des naissances de Nantes, archives municipales, secteur 4, vue 69.

 

En 1927, il quitte Nantes pour effectuer son service militaire à Lunéville, comme le signale la revue étudiante La Bohême. ses camarades se souviendront de ses caricatures qui "ont fait la joie du bureau de l'Association des étudiants". Ils rappellent qu'Eschapasse avait conquis rapidement le première place à l'Ecole des Beaux-Arts et qu'ayant quitté l'école, il passa avec succès le concours du professorat des lycées de France, 7e sur 450 candidats pour 20 places. D'autre part, ses créations décoratives ont déjà attiré l'attention de publicistes parisiens.

1er nov 1927. La Bohême : organe de l'Association des étudiants de Nantes.

En 1929 il enseigne le dessin à Saint-Servan puis il est nommé à Dinan à la rentrée 1930 où il enseigne au collège de Filles de Dinan, rue Broussais. 

 

Nomination. publication L'oeuvre disponible sur le site Gallica

 

En 1934, il devient titulaire du Certificat d’Aptitude d’enseignement du dessin. Il reste au collège rue Broussais jusqu'à la fin de l'année scolaire 1940-1941. Yves Floc'h qui lui succède sur le poste à la rentrée 1941.  

 

Ci-dessous, liste du personnel du Collège de Filles, rue Broussais à Dinan. M. Eschapasse figure comme professeur de dessin. 

Document extrait de la Distribution des Prix du 13 juillet 1939.

Document Bibliothèque municipale de Dinan. Photo RF

 

A partir de l'automne 1941, il va enseigner au Lycée de Quimper. Après la Libération, il retourne à Nantes comme professeur au Lycée Jules-Verne. En 1946-1947, il devient même directeur par intérim de l’École des Beaux-arts de Nantes.

 

Des expositions, des publications

En juin 1936, Ouest-Eclair évoque son nom lors du compte-rendu de l'assemblée générale de la Société des Arts de Dinan. "L'artiste bien connu" a réalisé une illustration sur le château de Dinan.

 

R. Eschapasse 23 juin 1936 Ouest-Eclair

En juin 1936, la revue "Art national construction du 1er juillet, signale que deux "panneaux composés et exécutés par Eschapasse décorent le carré des officiers de 2 Bâtiments de notre Marine de guerre, les escorteurs "Pomone" et "Iphigénie".

 

Pomone

Un article du 6 septembre 1936 indique qu'à l'exposition d'art breton de Dinan, "Avec ses études du port de Nantes, M. Eschapasse expose un portrait de Roger Vercel".(Dans Minerva : le grand illustré féminin, disponible sur Gallica)

Il expose à Paris au grand Palais des Champs-Elysées, au Salon 1936 de la Société des Artistes français.

Capture d'écran, sur Gallica.

Le 20 avril 1937, Ouest-Eclair indique que "R Eschapasse  montre un joli paysage" à l'exposition de l'Association artistique de Bretagne à Rennes.

En juillet 1937, il participe avec douze autres décorateurs bretons à la création du hall d'honneur au Pavillon de la Bretagne de l'exposition parisienne. Notons qu'il a été l'élève d’Émile Simon, professeur à l’École des Beaux arts de Nantes.

31 juillet 1937 Ouest-Eclair

René T. Eschapasse Nantes 19 avril 1941 Ouest-Eclair

 

A partir de l'automne 1941, comme il enseigne au Lycée de Quimper, cela le conduit à exposer à la galerie Saluden en 1942, en novembre 1943 et en novembre 1944.

Dans l'édition du 2 novembre 1943, La Dépêche de Brest dresse un portrait très élogieux de René T. Eschapasse, "un grand artiste". Une longue liste d'oeuvres montre que le peintre produit quantité de paysages et de portraits.

La Dépêche de Brest 2 novembre 1943

Ouest-Eclair publie le 16 novembre 1941 son "Croquis Quimpérois".

R-T Eschapasse à Quimper 16 novembre 1941 Ouest-Eclair

En janvier 1943, il offre un tableau pour la tombola de La maison du Prisonnier.

Janvier 1943

En avril 1946, il expose dans le hall du Modern' Hôtel à Vannes et en fait l'annonce par un encart publicitaire dans Ouest-France.

17 avril 1946 Ouest-France Vannes

De retour à Nantes en 1946, il est salué pour son exposition à la Galerie Mignon-Massart.

17 janvier 1946. Le Populaire de l'Ouest. Sur Gallica

René-T Eschapasse sera plusieurs fois lauréat du Salon des artistes français, Médaille des Artistes français et laisse une œuvre importante de dessins, aquarelles, gouaches. Ses réalisations sont régulièrement mises en vente sur des sites d’enchères. Son petit-fils Guillaume est également peintre. 

Les tableaux de René T. Eschapasse n'ont pas été conservées dans un musée particulier mais ont été achetées par des collectionneurs et amateurs d'art au gré des expositions. C'est ainsi que l'onn peut trouver des reproduction de ses oeuvres dans le Facebook Les peintres et la Bretagne. (cliquer ici puis taper Eschapasse dans l'outil de recherche de ce Facebook)

L'annonce de son décès le 2 juillet 1957 parait dans l'édition de Ouest-France Nantes le 4 juillet 1957 : "René Eschapasse, 52 ans, professeur de dessin, 7 rue Rosière-d'Artois".

Ci-dessous, une huile sur carton de R-T Eschapasse, vendue sur le site Ruellan-Auction. La désignation du lieu "Port de Saint-Seuran" est facilement corrigée par les personnes qui connaissent bien Saint-Servan ! Une oeuvre certainement réalisée quand l'artiste était en poste à Dinan.

R-T Eschapasse. Image Ruellan-Auction

D'autres photos et peintures

Guillaume Eschapasse, petit-fils du peintre, a bien voulu faire des recherches pour enrichir cet article d'autres oeuvres. On peut ainsi montrer des photos de l'artiste, des vues du pont transbordeur de Nantes, de Sauzon, de Camaret, d'Audierne, du parvis de Quimper, ainsi qu'un nu.
Guillaume ajoute : "Mon grand-père  a développé un style fort et épuré, il a principalement peint la Bretagne et son identité forte mais aussi son travail témoigne d'une époque de transition de la région entre tradition et modernité".

 

Publication des photos et peintures avec l'aimable autorisation de la famille.

Le saviez-vous ?

Quelle est l'origine de cet énigmatique T dans la signature de René Eschapasse ? C'est son fils René Victor Eschapasse qui raconte : "Il avait l'habitude de mettre après son prénom une lettre, lorsqu'il était jeune, il mettait la lettre G comme Gabrielle, le prénom de sa mère, ensuite marié en 1929, il mettait T, comme le surnom de sa femme, Touti, elle se prénommait en réalité Flavie, puis F, comme Françoise, le prénom de la femme avec laquelle il vivait après le décès de ma mère en décembre 1946 jusqu'à sa mort en 1957". (Forum Facebook Les peintres et la Bretagne, août 2021)

Mention de décès dans l'édition du 4 juillet 1957. Ouest-France Nantes

 

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Sources

Correspondances  avec Guillaume Eschapasse, petit-fils de l'artiste en mai 2024, janvier et février 2025.

Archives municipales de Nantes, registre des naissances 1905, 21 juin, vue 69, secteur 4.

Site anglais consacré à la gravure, rareoldprints.com (cliquer ici)

Ouest-Eclair 26 février 1941, 19 avril 1941,16 novembre 1941

Recherches dans les archives de Ouest-France

Centenaire de la Caisse d’Épargne de Dinan 1835-1935, publié par les Éditions O. L. Aubert, Ti-Breiz, Avenue du Palais, Saint-Brieuc, 1936.

Recherches d'Yvon Le Corre dans le cadre de son ouvrage avec Daniel Leloup, publié en 2024 avec les éditions A l'ombre des mots.