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| Nomination en 1924. La Garaye Dinan. Archives 22 | 
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| Marie Blanchard, tout à droite, en 1924 | 
 Marie-Reine Lessard, 
 épouse
 Blanchard, est née le 26 mai 1891 à Mur-de-Bretagne. Son père est 
gendarme et sa mère ménagère. Sa carrière d'institutrice à Dinan mérite 
d'être racontée...
Tout d’abord titulaire d’un Brevet d’Etudes en 1906, elle entre comme élève à l’école Normale de Saint-Brieuc dans la promotion 1907-1910. Elle obtient son Brevet supérieur en 1909 et son diplôme de fin d’Études en 1910 à l’école de Saint-Glen où elle est stagiaire. Son CAP est acquis en 1911 lorsqu'elle se trouve en poste à l’école de Merdrignac.
Vie familiale
Elle se marie le 24 avril 1919 à Merdrignac avec Joseph Blanchard, militaire dont le frère Eugène est instituteur à Dinan (et témoin du mariage). Joseph Blanchard est né le 28 mars 1890 à Vieux-Bourg (22).
Marie
 Blanchard aura deux enfants : Guy, né à Saint-Potan le 12 mai 1920, 
alors qu’elle enseigne dans cette commune (depuis le 15 septembre 1914) 
et Alain (appelé Albert sur le recensement), né en 1923 à Trigavou (où 
elle enseigne du 1er septembre 1921 à juillet 1924). 
C’est d’ailleurs en 
1923 que Mme Blanchard se plaint dans un courrier auprès de l’inspecteur
 qu’elle trouve la commune de Trigavou trop éloignée de Dinan. En effet,
 son mari, adjudant au 8e chasseur à Orléans a déjà été éloigné d’elle 
pendant quatre années après leur mariage en 1919. Depuis le 1er mars 
1923, il a pu se rapprocher en obtenant sa permutation pour Dinan où il 
est adjudant au 24e Dragon, « Mais Trigavou est éloigné de cette ville de 11 kilomètres, et chaque jour, par tous les temps, il entreprend ce double voyage. »
Elle
 obtient satisfaction et reçoit son avis de nomination pour la 
maternelle de Dinan, rue de La Garaye, l'invitant à prendre ses 
fonctions le 1er octobre 1924.
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| Archives 22 | 
Les débuts à l'école maternelle de La Garaye 
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| Marie Blanchard, tout à droite, en 1924 | 
On ne possède d'elle, malheureusement, qu'une seule photo où elle est à peine visible en 1924, à côté de sa collègue Mlle Hervé ; elle est alors institutrice adjointe à l'école de La Garaye et en deviendra la directrice à la fin de sa carrière. A cette époque, la directrice de la maternelle est Mathilde Ollivier, l'autre institutrice est Mme Hervé.
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| Mathilde Ollivier en 1924 à La Garaye. | 
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| Maternelle de Dinan, école rue de La Garaye. Collection RF | 
Son dossier personnel conservé aux archives départementales nous donne de plus amples renseignements sur le déroulement de sa carrière.
Mme Blanchard est inspectée le 1er octobre 1924
 et ça se passe bien. L’inspecteur est satisfait des exercices 
d’initiation à la lecture, l'écriture et au calcul qui amènent la plupart des 
enfants qui quittent l’école « à l’acquisition des éléments indispensables ». L’inspecteur note aussi : « Excellente tenue et bonnes relations avec les parents ».
En 1926,
 elle songe à quitter l’école maternelle de La Garaye et elle évoque son
 cas à l’inspecteur lui demander de la nommer à l’école primaire : « Ma
 classe d’école maternelle exige une grande fatigue de la voix et je 
suis sensible de la gorge et sujette aux extinctions de voix. » Elle évoque aussi ses treize années à l’école primaire en cours élémentaire et moyen.
Le 23 mars 1927, nouvelle inspection devant 25 petits présents ce jour là. Dans la rubrique « Habitudes morales » on peut lire : « Imposer
 une certaine réserve aux enfants dont plusieurs sont vraiment sans-gêne
 et d’une familiarité aussi excessive que déplacée, et tolérée sans 
réserve »… La conclusion est écrite à l’encre rouge, ce qui n’est pas bon signe ! « Mme Blanchard ne paraît pas à sa place ici. Elle devrait du moins s’employer davantage. Ceci est un avertissement ». 
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| Classe de maternelle à La Garaye. 1928-1929 Collection R.Fortat | 
Qui sème le vent récolte la tempête ! 
Mme Blanchard piquée au vif réagit par un courrier qui met l’inspecteur en colère. Ce dernier se dit prêt à donner de plus amples explications à l’institutrice qui en réclame « car je serais très heureux de vous voir réussir à Dinan après avoir échoué totalement à St Judoce, St Potan et Trigavou »… L’inspecteur revient sur ce qu’il a vu « Une poignée de mains à 30, 40, 50 enfants est déjà de trop, mais les grappes successives de gosses qui s’accrochent à vos jambes, se pendent à vos bras, vous paralysent en vous tirant dans tous les sens, c’est excessif, faux et déplacé ». L’inspecteur estime avoir fait un rapport assez neutre « avec mesure, sans intention de toucher à votre grande susceptibilité. Vous accepterez de même les précisions inutiles que vous avez provoquées. »
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| Rapport de 1929. Archives 22 | 
La situation se calme 
L’inspection de mai 1930
 est moins tumultueuse et l’inspecteur prend en compte la difficulté de 
la tâche de Mme Blanchard qui serait extrêmement lourde si les 62 
inscrits étaient tous présents, heureusement il n’y en a que 32.
En décembre 1931
 le ton est apaisé. Après l’inspection, M Clémens observe qu’il reste à 
la maîtresse à se doter d’une organisation sans faille : « La souplesse 
maternelle qui s’impose ici ne s’obtient que grâce à une longue et 
minutieuse préparation ».
Le 28 novembre 1933,
 l’inspecteur revient et Mme Blanchard est toujours en maternelle mais 
elle a pris en compte cette réalité. L’inspecteur M. Clémens apprécie le
 changement déjà amorcé en 1931 et 1932: « Mme
 Blanchard a continué l’effort de redressement qu’elle a entrepris. Les 
résultats sont d’autant plus visibles que sa classe est maintenant 
installée dans une salle qui ne sert qu’à cela, tandis que, auparavant, 
elle  était obligée de faire classe dans le préau-réfectoire… Au total, 
amélioration nette. »
On note au passage dans quelles conditions exerçait l'institutrice n'ayant même pas de véritable classe mais "u  préau-réfectoire" !
Le 29 novembre 1935 : « Impression favorable. Il y a de la bonne humeur et de l’activité dirigée dans la classe ».
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| Inspection 1942. Archives départementales | 
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| Photo de classe maternelle La Garaye Dinan 1935. Collection RF | 
Le 12 décembre 1942,
 pendant l’Occupation, les conditions de travail de Mme Blanchard et les
 conditions de vie des enfants ne sont pas bonnes car sa classe a dû 
s’installer dans la salle de récréation.
Entre 1941 et 1944,
 Mme Blanchard continue d'enseigner à l'école de La Garaye ce qui 
n’était pas acquis car le gouvernement de Vichy souhaitait que les 
femmes, sous certaines conditions, laissent leur poste pour s’occuper de
 leur maison et de leur famille (loi du 11 octobre 1940). Elle fait une 
demande à l’inspecteur pour obtenir une dérogation en invoquant son 
statut de veuve et ses deux enfants à sa charge. Son fils Guy a une 
vingtaine d’années, aviateur démobilisé, sans profession et son fils 
Alain de 18 ans est élève à l’École primaire supérieure de Guingamp où il
 prépare son Brevet supérieur. L’inspecteur primaire donne un avis 
favorable mais pas l’inspecteur d’académie qui est réservé et écrit « Les dérogations me paraissent faites surtout en faveur des maîtres d’élite ».
Elle est promue en 1943 où elle passe Hors classe.
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| Promotion. Arrêté du Préfet Feschotte, février 1943. Archives 22 | 
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| Nomination en tant que directrice. 1945 Archives 22 | 
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| Officier d'académie. 22 novembre 1946 ouest-France | 
Le 13 septembre 1946 elle fait valoir ses droits à la retraite après avoir été promue Officier d'Académie en novembre 1946.
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| Bilan de carrière. Archives 22 | 
Engagement dans la Résistance
Entre 1941 et 1944, Mme Blanchard a continué d'enseigner à l'école de La Garaye mais son activité s'est également accompagnée d'un engagement dans la Résistance qui ne demande qu'à être précisé. On sait simplement qu'après guerre, elle est reconnue comme ayant fait partie du réseau de Résistance Centurie, dans les Forces Combattantes Françaises (FFC) et des Forces Françaises Libres.
Vie familiale
Son mari, Joseph Blanchard, est décédé le 25 octobre 1930 à Dinan, il n'avait que 41 ans. Il était médaillé militaire et Croix de Guerre.
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| Ouest-Eclair, avis de décès, 26 octobre 1930 | 
C'est ainsi que dans le recensement de 1931, rue Waldeck Rousseau à Dinan, elle est mentionnée 
comme "veuve". Le couple a eu deux fils, Guy né à Saint-Potan (1920-1993) et Alain (nommé Albert dans le recensement!) né à Trigavou  (1923-1974).
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| Recensement Dinan 1931 | 
Marie-Reine Blanchard est décédée à Dinan le 23 octobre 1970 alors qu'elle résidait à la maison de retraite de Pax, elle avait 80 ans.
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| Avis de décès. Ouest-France 24 octobre 1970 | 
A lire dans le blog de l'histoire de l'école de La Garaye pour comprendre le contexte de l'époque.
Histoire de la cantine scolaire de Dinan, cliquer ici
Sources
Archives départementales. 1T1430 dossier personnel de l’enseignement.
Registres d'état civil, Mur-de-Bretagne, naissances 1891, vue 125 (mention mariage et décès).
Merdrignac, registre des mariages, vue 7, ici
Saint-Potan, 1920, vue 9, registre des naissances, ici
Archives départementales. Dossier personnel d'enseignante.  
Site Généanet, fiche ici
Article dans ce blog sur La noce bretonne, ici
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