François-Marie Luzel est né le 6 juin 1821 à Plouaret dans les Côtes-du-Nord. Il suit des études au Collège royal de Rennes et passe son baccalauréat. Il peine ensuite à trouver sa voie dans des études de médecine, devient juge de paix puis exerce le journalisme avant de s'intéresser à l'enseignement.
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| François-Marie Luzel, portrait |
Luzel, jeune instituteur à Dinan. 1848
Ce n'est pas un épisode très connu mais l'écrivain breton François-Marie Luzel (1821-1895) enseignera les bases du français et du latin aux jeunes enfants des classes de 7ème et 8ème, au collège de Dinan, de 1848 à 1851.
Il sera déplacé d'office par l'administration pour manquement à ses devoirs. Le Recteur des Côtes-du-Nord avait enquêté sur les reproches faits à M. Luzel de dispenser un enseignement irréligieux et de tourner les choses saintes en dérision. Le Recteur doit par exemple faire le point sur une dictée donnée aux élèves par M.Luzel et intitulée "Le bandit et l'évêque", qui "poétise le bandit et fait jouer à l'évêque un rôle odieux autant que ridicule". (Rapport du 24 janvier 1851 conservé aux Archives nationales)
Il lui était aussi reproché son engagement politique. En effet, Luzel se présenta aux élections législatives en 1848 et n'obtint d'ailleurs que 6 voix.
Le livre de Françoise Morvan,
publié aux éditions Terre de brume et Presses Universitaires de Rennes,
nous livre certains détails de la carrière de François-Marie Luzel à
Dinan.
On
apprend par exemple que Luzel, encore à Dinan en 1849, rédige une étude
sur la littérature bretonne, les poésies populaires et les mystères
bretons. Il écrit aussi dans le journal L’indicateur, « un
hebdomadaire dinannais fondé en 1848 pour soutenir la candidature de
Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République. » Le 14 juillet 1848 il y signe de son nom un article sur la littérature bretonne et un récit d’histoire de la Bretagne.
« Le
3 septembre 1851, un rapport d’inspection propose Luzel pour une
mutation hors de l’Académie. La raison exposée est le refus d’assumer le
cumul des fonctions de régent et de maître d’études « proposé » par le
directeur afin de séparer les divisions de 7e et de 8e ».
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| Le collège. Photo extraite du livre de Bellier-Dumaine.1897 |
Françoise Morvan publie dans son ouvrage un document inédit des Archives nationales (F 21208, pièce 19). Ce long extrait du rapport du recteur daté du 24 janvier 1851 nous en dit plus sur la vie d’un enseignant dans un collège comme celui de Dinan à cette époque. Le séjour à Dinan du recteur l’a beaucoup éclairé sur l’ambiance qui règne dans cette ville où un jeune enseignant peut vite faire les frais d’une société peu ouverte.
Ainsi l’ancien principal, le principal actuel et le maire de Dinan n’ont pas une bonne opinion de M. Luzel, certes. Mais cela repose sur des faits assez légers comme la fréquentation par M. Luzel « d’un café de mauvais renom et où l’on jouait gros jeu ». Sur le plan professionnel certaines dictées données par M. Luzel scandalisent des personnes qui trouvent qu’elles sont la preuve « qu’un enseignement immoral et irréligieux était donné au collège ». Quand le recteur présente ces pages à M. Luzel, ce dernier « reconnut en effet avec la loyauté la plus honorable, avoir fait ces dictées comme un exercice grammatical. Il les avait traduites d’un recueil de poésies populaires allemandes ». Le recteur sermonne M. Luzel sur son choix mais ajoute : « Assurément, conclure de ces dictées qu’on donne aux élèves du collège un enseignement immoral et impie, c’est une exagération grotesque… »
Face à la rumeur insistante autour de M. Luzel, le recteur se voit malgré tout contraint d’apporter une sanction car il se doit de considérer « l’intérêt du collège ». Mais il prend soin de préciser au Ministre que ce déplacement, il le propose "à regret, comme mesure d'administration bien plus que comme mesure disciplinaire".
(Toutes les citations en bleu sont extraites de l'ouvrage de Françoise Morvan)
La nomination de Luzel, au collège de Pontoise, est annoncée dans la Revue de l'Instruction publique en 1851.
Luzel, un écrivain de renom
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| Livre de Luzel aux éditions Ouest-France |
Après une brève carrière dans l'enseignement, François-Marie Luzel trouve un poste stable en devenant conservateur des archives départementales du Finistère en 1881.
Mais il fera surtout parler de lui comme écrivain.
François-Marie Luzel a publié de nombreux recueils de contes, légendes, chansons populaires, poésies de Bretagne. Il a mené parfois ses collectes sur le terrain avec Anatole Le Braz. La Bibliothèque Nationale de France a répertorié 101 oeuvres de Luzel comme auteur, éditeur scientifique, traducteur du breton au français ou collecteur.
En 1890 il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur.
Il décède le 25 février 1895 à Quimper.
François-Marie Luzel dans la mémoire collective.
En dehors de ses ouvrages, de nombreuses municipalités en Bretagne ont donné le nom de Luzel à une rue (Saint-Brieuc, Perros-Guirec, Lannion, Plérin, Langueux...)
Un monument a été édifié en sa mémoire à Plouaret en septembre 1906.
Le collège de Plouaret et l'école publique de Saint-Thégonnec portent son nom.
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| Monument Luzel devant la mairie de Plouaret. Image Google |
Pour en savoir plus
Histoire de l'école primaire annexée au collège des garçons de Dinan, cliquer ici
Descriptif du monument Luzel à Plouaret, site Patrimoine de Bretagne, cliquer ici
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