mercredi 3 janvier 2024

Marie-Françoise Pillon, née Lucas (1886-1972), institutrice à Dinan

 


 
Marie-Françoise Lucas est née à Lohuec en 1886.
 
Ci-dessous, la maison familiale des Lucas à Lohuec
 
Photo Christian Prigent

 
Marie-Françoise va à l'école à Callac et nous avons la chance d'avoir cette extraordinaire photo de classe qui nous montre les deux soeurs Lucas à l’école primaire de Callac en 1896.
La plus à gauche avec une croix à l'encre sur les cheveux est Louise Lucas et Marie-Françoise Lucas, future Françoise Pillon, est à côté. 
 
Photo Christian Prigent.

 

 
Marie-Françoise Lucas se marie le 12 août 1907 à Pluduno avec Pierre Pillon qui est instituteur dans cette commune d’octobre 1900 au mois d'août 1907.
 
Pierre et Marie-Françoise Pillon ont eu deux enfants : Jean né le 2 juin 1908, élève à la maternelle de la Garaye, inscrit sur le registre de 1910 et Pierre né le 21 septembre 1914 à Dinan.
 
Le 1er octobre 1907, Pierre Pillon a été nommé à Dinan à l’École des garçons et Marie-Françoise Pillon est arrivée à l'école des filles de la rue de la Garaye au même moment. 
Elle n'est restée qu'une année avant d'aller à l'école Chauffepieds où elle a passé toute sa carrière. La famille Pillon habitait dans le bâtiment de l'école Chauffepieds ainsi que d'autres familles d'instituteurs.
 
Après la mort de son mari en mai 1917, elle est restée veuve et s'est occupée de ses deux enfants tout en continuant sa carrière. 
 

Madame Pillon était connue pour sa sévérité, d’après les témoignages d’anciennes élèves de l’école Chauffepieds, à cause de cette cette réputation Les enfants des autres institutrices ne passaient pas dans sa classe..." ..."Elle avait deux fils avec qui elle était très sévère…", se souvient une ancienne élève, Mme Alice Le Port..." Elle enseignait en CE2. Elle s’habillait en noir avec un grand tablier noir ainsi que les autres maîtresses veuves de la guerre 14 comme Madame Bellebon"  (Lettre de madame Buisson-Tardivel).
 
 
 

Marie-Françoise Pillon syndicaliste

Mais au-delà des anecdotes, il faut noter la place très importante de Mme Pillon dans l’histoire du syndicalisme du département :
Brillamment élue et réélue comme déléguée de toutes les institutrices des Côtes-du-Nord. 

Élue du Syndicat des Membres de l’Enseignement Laïque au Conseil Départemental (1922)

Élue au titre de l’Émancipation des Membres de l’Enseignement Laïc (1922-1923)

Élue enfin pour le Syndicat National des Instituteurs (1926-1932)

Conseillère syndicale du Syndicat National (1928-1930), dans le Bureau (1934) où elle s’occupe des affaires administratives.

Rappelons que le syndicalisme n’était pas bien vu par l’administration de l’époque et il fallait une certaine dose de courage pour se mettre en avant.

Mme Pillon va même se retrouver en première ligne dans une affaire qui fera grand bruit en 1927 et qui aura des retentissements au niveau national. Tout démarre le 18 juillet 1926 : dans le journal l’Électeur (fortement clérical) un article attaque violemment l’école publique. La section départementale du Syndicat des instituteurs s’en plaint au préfet. L’article remonte jusqu’au sommet de l’état, Édouard Herriot, le ministre de l’Instruction Publique et enfin Raymond Poincaré, le Président du Conseil. Le ministre fait savoir que si le syndicat porte plainte, une suite sera donnée. Mais il faut que la plainte soit individuelle pour être reçue. 

Mme Soulabaille et Mme Pillon, les deux élues au Conseil Départemental se lancent donc dans cette bataille. « La déposition de la veuve de guerre sera le temps fort de ce procès. En effet, il ne lui est pas difficile de rejeter l’accusation d’antipatriotisme, son mari, instituteur, simple soldat en 1914, a été tué au front le 24 mai 1917 avec le grade de lieutenant. »

Le journal sera condamné à verser une amende de 1000 francs.

 
Marie-Françoise Pillon s'était retirée à Saint-Brieuc, elle avait fait construire une maison dans le quartier de Robien en 1939.
 
Permis de construire Mme Pillon. Archives municipales de Saint-Brieuc.

 
Marie-Françoise Pillon  est décédée le 20 mai 1972 à Moncontour.
    

                      
Entre 1914 et 1917, Mme Pillon, ses deux enfants et son mari lors d'une permission à Dinan.

   
Correspondance de Pierre Pillon à sa femme 19 décembre 1914




Pour en savoir plus
Un Blog raconte plus en détail l'histoire du poilu Pierre Pillon, cet instituteur, collègue de M. Honoré-le-Dû à Dinan. Vous trouverez aussi le carnet (dessins et textes) fait par les enfants de la classe de CM2 de l'école de La Garaye.

 
Le livre sur l'histoire de Pierre Pillon est disponible à la bibliothèque municipale de Dinan au secteur "Jeunesse", rayon Histoire, guerre 14-18.


Si vous avez des remarques, des témoignages ou des documents à partager, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

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Sources

Merci à la famille Pillon pour tous les renseignements fournis

Fiche sur le site Généanet, ici

Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIème République. Alain Prigent. Editions Astoure. 2005

Photos de 1896 et de 1917 transmises par Christian Prigent en mars 2022.

 


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