1909-1999
Ecole publique
L'école Broussais au collège des Filles de Dinan. Photo avant 1938. Archives départementales |
Les premières institutrices en 1909
Mlle Bichemin et Mlle Turmel, sont les deux premières institutrices nommées en 1909 dans le cadre d'un cours secondaire pour les jeunes filles.
Puis les cours vont se tenir dans la propriété Ker Even, rue Broussais où deux nouvelles classes primaires ouvrent en 1914.
Les classes primaires dans le Collège communal de Jeunes filles de Dinan 1914-1936
Mme Nayel a 19 élèves en 1914 (15 en 1916, 14 en 1919).
En maternelle, la classe enfantine de 12 élèves dirigée par Mlle Fourneaux (ou Fournaux) ouvre en 1914 (10 en 1916, 13 en 1919).
Le 14 juillet 1914, les élèves du collège de Jeunes filles donnent un concert : « Le choeur des toutes petites filles avec leurs poupées fut très gracieux ». (Ouest-Eclair 14.07.1914).
En 1932, la directrice organise une fête : les classes maternelles ont répété leur chanson mimée "recette pour faire les crêpes" et les classes primaires ont prévu d'y présenter Cendrillon "une petite féérie".
D'autres fêtes ont lieu dans les années 30
Ci-dessous, Fête déguisée le 7 avril 1933 sur le thème des fleurs. Une photo publiée sur le site Copains d'avant par Simone Perron (Lesné) qui est la jeune fille au dernier rang au milieu avec un chapeau blanc pointu ! Danièle Mitterrand (Gouze) est au deuxième rang au milieu avec un point noir sur le col blanc.
1933. Collège de Jeunes filles de Dinan. Photo Simone Perron. |
Ci-dessous,
une autre Fête déguisée pour la fin de l'année scolaire 1934 sur le thème des marins ; la photo est aussi publiée sur le site Copains d'avant par Simone Perron (Lesné) qui est la
jeune fille avec une croix sur l'épaule. Les filles portent des canotiers ou des imitations de coiffes bretonnes...
|
Mme Menard, institutrice à Broussais (article complet en cliquant ici)
Mme J. Menard a marqué l'école de son empreinte. Eugène Doublet (1930-2013), longtemps conseiller municipal à Dinan, a été son élève. Il a conservé précieusement la photo de la classe où Mme Menard était son institutrice en classe enfantine et CP. Il se tient juste devant elle, sur sa gauche (photo ci-dessous).
1935-1936. Classe enfantine Broussais. Photo collection Eugène Doublet. |
1936-1937. Classe enfantine, CP. Broussais. Photo collection Eugène Doublet. |
La remise des prix. 1936
|
La remise des prix (ci-dessus, livret de 1936) est un rituel auquel on ne peut échapper dans une telle institution. Les résultats des meilleurs élèves du primaire y figurent comme ceux des élèves des différents niveaux du collège. Les photos de classe font aussi partie de la tradition.
1936. Prix pour les élèves de la classe enfantine. Bibliothèque de Dinan |
Après 1945, le souvenir de l'héroïque directrice Marie Talet.
Marie Talet dans son bureau. |
Marie Talet est née à Bordeaux en 1884. Elle a assuré la fonction de directrice du collège de jeunes filles de Dinan de 1923 à 1933, et à ce titre elle était également la directrice de l'école primaire Broussais.
Ces années à Dinan ne seront pas faciles car marquées par un conflit ouvert avec le maire de l'époque Michel Geistdoerfer.
Elle part ensuite diriger, à partir du 1er janvier 1933, le collège de jeunes filles d'Angers (nommé collège Joachim-du-Bellay en 1934). C'est là qu'elle est arrêtée le 5 février 1943 avec l'économe et 4 autres enseignantes qui avaient formé un groupe de résistance. Toutes ces personnes aidaient des réfugiés et des jeunes filles d'origine juive. Déportée au camp de Ravensbrück, elle fait partie d'un groupe avec notamment Émilie Tillon (du groupe du Musée de l'Homme, mère de l'ethnologue Germaine Tillon). Elle meurt le 14 décembre 1944.
La ville d'Angers a honoré sa mémoire en donnant son nom à un groupe scolaire et une avenue.
Et à Dinan? Un premier article apprend le parcours dramatique et héroïque de l'ancienne directrice dans Ouest-France du 24 mai 1945.
24 mai 1945 Ouest-France |
On sait qu'un service religieux fut célébré à la mémoire de Mlle Talet dans l'église Saint-Sauveur en 1945. Le conseil municipal, toutes les sociétés dinannaises, drapeaux en tête, y assistèrent ainsi que les délégations de toutes les écoles laïques et libres. Dans une délibération du conseil municipal en date du 4 juillet 1945, il fut même question que le collège des filles prenne le nom de « Collège Marie Talet ».
Ses qualités étaient enfin reconnues au sein de cette assemblée municipale et le vote fut adopté à l'unanimité: « Vous savez que tout récemment nous avons appris la mort en Allemagne de Mlle Marie Talet, déportée politique, qui a, durant de longues années, dirigé avec autorité et compétence cet établissement. En hommage à sa mémoire et aux idées qu'elle a courageusement manifestées jusqu'au sacrifice de sa vie, nous vous proposons de donner son nom à notre Collège de Jeunes Filles ». L'idée était généreuse et noble mais, en fait, le changement de nom ne se concrétisa pas.
Une soixantaine d'années plus tard, en 2017, le collège Broussais de Dinan a donné son nom à la salle de réunion du conseil d'administration.
Salle Marie Talet. Au fond M. Hérissé. Photo RF 2015 |
Pour en savoir plus sur Marie Talet, on peut se reporter à un article qui fait état de son passage difficile comme directrice du collège de filles, dans la revue Le Pays de Dinan 2016.
Un autre article beaucoup plus complet lui est consacré dans ce blog avec toute sa carrière à Dinan et des documents historiques sur la résistance et la Déportation, cliquer ici
Ne manquez pas, tout en bas de cet article, une petite anecdote qui réunit Marie Talet et Danièle Mitterrand !
Les années 50-60
11 septembre 1952. Ouest-France |
De 1933 à 1952, on retiendra que la directrice de l'établissement était Augusta Vidal (article complet en cliquant ici). Sinon, peu de noms des enseignantes des années 50 nous sont parvenus, mais on peut citer ceux de Mmes Menard et Hesry.
1950. Classe de Mme Ménard. Broussais. |
|
|
Le collège Broussais en 1962. Collection Musée de Bretagne. Image Heurtier |
1967-1968 Classe de Cp, Mme Rivière. Photo Silvain Pinot, facebook "Tu es de Dinan si" mars 2024 |
Ci-dessus une photo de l'année scolaire 1967-1968 dans la classe de Mme Rivière. Les éléments pour identifier les noms sont transmis par Paule Le Grand.
Élisabeth Rivière (la fille de l'institutrice) est la plus petite sur la droite ; Paule Le Grand, la plus grande à côté. En partant de la gauche rang du haut la 4ème Fabienne Deslandes (imprimerie), Rand au milieu(debout) ; de gauche à droite 2nd Christine Destouches ; 3eme Sylvie Scardin (cycles)...
Années 70. L'école primaire Broussais
On peut considérer que depuis l'origine du collège, les classes élémentaires à Broussais ne formaient pas ce qu'on appelle une école mais étaient de simples classes annexées au collège.
Le statut de l'école va changer dans les années 70.
On apprend que "l'école de filles de la rue Broussais" a remporté la coupe du tournoi de football qui oppose les équipes présentées par les écoles publiques des environs à l'occasion de la Fête de la Jeunesse (19 juin 1971 Ouest-France).
En juin 1971, les inscriptions sont prises pour la rentrée à l'école primaire, "l'entrée se fait par le Lycée de jeunes filles" (9 juin 1971 Ouest-France)
En décembre 1975, "les parents d'élèves de l'école primaire mixte rue Broussais se sont constitués en conseil local de parents d'élèves (fédération Cornec) lors de leur réunion. La présidente élue est Mme Cornu" (Ouest-France 17 décembre 1975).
En 1976-1977, nous en avons deux traces : un document des archives municipales où figure l'école primaire Broussais, en tant que telle et un article de Ouest-France du 13 juin 1976 qui indique que la directrice prend les inscriptions pour les nouveaux élèves mais que "à la rentrée, ce sera le directeur M. Simon, qui se tiendra à la disposition des parents".
En 1976-1977, l'effectif total de l'école primaire
Broussais est de 11è élèves pour 5 classes avec 78 filles et 39 garçons. On notre la prédominance des filles alors que les garçons sont majoritaires pour la même année à La Source, à La Garaye et à Honoré-le-Dû (et aux Fontaines la différence est minime)
Une extension pour l'école. 1978
En 1978, la municipalité
réalise une extension de l'école avec deux classes, des annexes et des sanitaires. Pour arriver à ce résultat on a transformé un dortoir pour en faire de nouvelles classes.
Cette année-là, les effectifs sont chargés : 128 élèves en primaire et 30 en classe enfantine.
Une classe enfantine accueille des enfants dès l'âge de 4 ans à partir de la rentrée du mois de septembre 1978.
Les contraintes matérielles sont importantes, l'école étant sur plusieurs niveaux. Au rez-de-chaussée, au niveau du billard, sont entreposées les tables et les chaises. Au niveau du primaire, il y a la classe de CE2 et la salle 60.
Encore au-dessus, se trouve une autre pièce avec le bureau du directeur Bernard Simon et les skis utilisés pour les classes de neige (photo ci-dessous).
Le grenier avec le matériel de ski. Photo RF |
L'école de la fin des années 70 à la fin des années 90
Le témoignage de Josette Le Calvez, institutrice à l'école Broussais, nous éclaire sur la vie quotidienne de l'école. Elle y a enseigné de 1979 à 1996.
« J'ai connu l'école Broussais la première fois comme enseignante en 1963, à l'époque où j'ai passé mon C.A.P. J'étais en classe de CM1. La directrice du collège, Mme Pinécart, gérait les classes primaires. On allait chercher notre salaire à l'intendance (C'est l'intendante qui m'a donné la photo de classe en fin d'année).
En 1979, je suis revenue à Broussais pour y enseigner et je suis restée jusqu'à la fermeture de la classe enfantine en 1996.
Pendant 17 ans, j'ai été aidée dans mon travail de tous les jours par Jacqueline Bossard, l'aide maternelle. La classe enfantine se trouvait au premier niveau. On descendait quelques marches pour se retrouver dans le parc qui servait de cour, les grands arbres étaient très beaux.
Quand il pleuvait, les enfants étaient dans la boue mais par temps sec, ils adoraient jouer à cet endroit. On avait une cloche pour faire rentrer les enfants mais un jour elle a été volée (il reste encore le support de cette cloche). Dans la salle où se trouve le club de billard, on avait notre préau. On pouvait y descendre par un escalier métallique intérieur. C'était bruyant quand les enfants passaient par là. Ce préau était poussiéreux, mal éclairé. Il avait certainement servi autrefois de salle de gymnastique car on voyait toujours des espaliers aux murs. On y faisait aussi nos fêtes de Noël".
La suppression de l'école maternelle. 1996
En juin 1996, la classe enfantine est fermée. C'est une décision municipale prise dans le cadre d'une vaste restructuration des écoles de Dinan.
"L'école Broussais est dirigée par Bernard Simon depuis vingt ans. Cette rentrée est marquée par la suppression de l'école maternelle. Cette restructuration a été l'occasion de nombreux travaux à Broussais. Désormais, l'entrée de l'école primaire ne se fait plus par celle du collège. Une entrée indépendante a été créée. Le directeur bénéficie maintenant d'un bureau ainsi que les enseignants. L'école Broussais a cinq classes pour 110 élèves. Deux nouveaux enseignants rejoignent l'équipe pédagogique. Il s'agit de Catherine Corvaisier qui prend le CE 2 et Stéphanie Le Peutrec qui prend le CE 1".
La fermeture complète de l'école. 1999
Après la classe enfantine en 1996, c'est au tour de l'école primaire de fermer en juin 1999. Le matériel des classes primaires est déménagé vers les Fontaines.
Josette Le
Calvez, institutrice à l'école Broussais, où elle a enseigné de 1979 à 1996, nous livre son sentiment sur cette fermeture.
"Peu de temps après la
fermeture de l'école, je suis passée dans la rue ; il y avait quelque chose de
changé...Ces vieux murs du préau étaient entièrement refaits pour le club de
billard. J'enrageais : alors que pendant des années nous avions passé tant de
temps avec des vieux murs en ciment, maintenant que l'école n'existait plus,
ces locaux étaient rénovés ! "
L'école Broussais après sa fermeture
Voici à quoi rassemblait l'école primaire Broussais quinze ans après sa fermeture !
Des tables, des chaises dans des locaux mis à la disposition de différentes associations... |
Des sanitaires, parfois transformés en placards ! |
Le grand escalier qui n'a pas bougé ! |
Sources
Archives municipales de Dinan.
Bibliothèque municipale de Dinan.
Archives de Ouest-France
Revue mensuelle en ligne, L'enseignement secondaire des jeunes filles. Nomination d'institutrices entre 1907 et 1921
Photographie du collège en 1962, Heurtier, collection Musée de Bretagne, fiche complète en cliquant ici
Entretiens avec Eugène Doublet, avec Mme Urvoy en 2010, avec Joël Séquard en 2015.
Le Dinan républicain, 25 août 1938
Remarque : les archives de l'école Broussais semblent avoir disparu au moment du déménagement vers l'école des Fontaines.
Lien pour accéder au livret de distribution des prix en 1939 pour l'école Broussais, cliquer ici
Article sur Jeanne Menard, cliquer ici
Lien pour accéder au site "Copains d'avant" Ecole Broussais Dinan, cliquer ici
Mme Gillard
1914 Classe enfantine
départ en 1925
Mme Bréhel ? à vérifier (venant de Pluduno)
Arlette Sommer
en 1968 jusqu'en 1989
avant 1968
Mlle Gabriellle Labbé
est devenue directrice de l'école primaire quand celle-ci a été indépendante du Lycée de jeunes filles, rue Broussais.
Christine Arribart (était à l'école annexée au collège des garçons jusqu'en 1965 et aux Fontaines en 1967)
après 1968 et avant 1970, CM2 et directrice avant Bernard Simon.
de 1981 à 1993 (retraite)
direction jusqu'en 1998. Avant M. Simon, il n'y avait pas de maternelle.
1972-1988 (retraite)
Mme Le Calvez
Classe enfantine de 1979 (date de création) jusqu'en 1996, avec Jacqueline Bossard comme aide maternelle
Mme Reverdy
de 1989 jusqu'en 1996
1988-1999
Directeur de 1998 à 1999, décédé en novembre 2022.
Anecdote
Voici une petite anecdote où l'on va voir que parfois certaines sanctions ont du mal à passer.
A priori, réprimander une élève est quelque chose qui arrive assez souvent dans la vie d'une directrice de collège et d'école. Mais si cette fillette s'appelle Danielle Mitterrand ( à cette époque Danielle Gouze), c'est autre chose ! Surtout quand devenue adulte, elle consigne cette histoire dans un livre de mémoires...
Danielle est née en 1924, elle a 6 ans, et c'est la fille d'Antoine Gouze, le principal du collège des garçons de Dinan, arrivé en 1930. Danielle est scolarisée au collège des filles mais elle va en être renvoyée par la directrice, Marie Talet !
La directrice, cataloguée comme « bigote », est accusée d'avoir privé la fillette d'une récompense (deux bonbons), une manière écrit Danielle Gouze « de manifester sa haine pour les laïcs ».
Certaine de son bon droit, Danielle veut réparer « cette injustice flagrante». L'enfant décide d'aller se servir elle-même et en met plein ses poches pour en donner à ses camarades. Une fois retrouvée, la coupable est, sur ordre de la directrice, juchée sur une table. Les élèves défilent devant elle.
Danielle Mitterrand n'a pas de mots assez durs pour condamner la directrice : « Son sens du châtiment n'hésita pas à pousser l'humiliation à l'extrême », « les manigances de cette bigote de directrice », « J'en fis une dépression nerveuse à six ans »...
Chacun se fera son idée sur cette affaire et sur l'objectivité de ce témoignage où sous la plume de Danielle Mitterrand, Marie Talet apparaît comme une personne injuste, sectaire et haineuse. Mais l'ensemble de l'existence de Marie Talet invite à une certaine réserve sur ces propos d'enfant vexé par une sanction.
Danielle Mitterrand, Le livre de ma mémoire, Jean-Claude Gawsewitch Editeur. 2007
Retour vers le sommaire en cliquant ici
Cet article n'a pas été simple à écrire car il y avait peu de sources disponibles. Mais le résultat est satisfaisant car les origines du collège sont maintenant plus claires. Et la satisfaction c'est par exemple ce message reçu en décembre 2021 de Nicolas Hérissé, principal du collège Broussais :
RépondreSupprimer"Un grand merci pour cet énorme travail que je vais partager avec toute l'équipe ! La lecture de votre article vient chambouler notre "histoire" (celle que l'on s'est construite à partir de ce qui a été transmis oralement sans source fiable)"