vendredi 1 novembre 2024

Marie-Ange Tréguy (1898-1990), directeur de l'Ecole de rééducation à Dinan 1944-1954

 

Photo extraite du livre du Dr Godard. 1947. M.Tréguy dans sa classe.

Marie-Ange Tréguy est né le 15 septembre 1898 à Ploubalay, il effectue sa formation d’instituteur à l’École normale de Saint-Brieuc de 1915 à 1917.

Il est incorporé, avec le matricule 829, au 2e régiment d'artillerie coloniale le 18 avril 1917 puis change de régiment, tombe malade et finit par être "renvoyé dans ses foyers le 30 mai 1920".
 
Recensement militaire 1918, registre St Brieuc-Dinan vue 502

Les débuts dans la carrière
Dégagé de ses obligations militaires, il est nommé dans son premier poste, comme stagiaire, à Trévron en octobre 1920, puis part à Plancoët en octobre 1922, Ploubalay en octobre 1924 et Saint-Carné en octobre 1925. 
 
La famille Tréguy
Marie-Ange Tréguy se marie le 14 septembre 1926, à Saint-Cast, avec Fabienne Carfantan, employée des Postes, née le 13 décembre 1904 à Saint-Cast, décédée le 23 février 1996 à Dinan. Le couple aura trois filles : Raymonde, née le 23 janvier 1928 à Saint-Cast ; Lucienne, née le 31 mars 1929 à Saint-Cast et décédée le 13 juin 1941 à Dinan; Andrée née le 8 octobre 1930 (bonne joueuse de basket en scolaire à Dinan). A Dinan, Raymonde habitait 10 rue du Petit-Hôtel au moment de son mariage, peut-être l'adresse de la maison familiale ?
La famille Tréguy est marquée par un drame avec le décès de leur fille Lucienne qui n'avait que 13 ans.
Décès Lucienne Tréguy 14 juin 1941 Ouest-Eclair

On constate que la famille Tréguy est assez en vue à Dinan car le mariage de leur fille Raymonde, avec Guy Thébault (entrepositaire de bière et joueur au stade Dinannais), fait l'objet d'un article dans l'édition de Ouest-France du 23 avril 1951. Elle se marie à Dinan le 7 mai 1951 et sa soeur Andrée se marie un an plus tard, le 22 juillet 1952 à Rennes, avec Claude Richard.

Mariage Raymonde Tréguy 23 avril 1951 Ouest-France

 
Marie-Ange Tréguy, instituteur à Dinan
Venant de l'école de Saint-Carné, Marie-Ange Tréguy arrive en poste à l'école communale des garçons de Dinan en octobre 1928. Il enseigne pendant dix ans en Cours moyen et il va croiser dans cette école André Raoult (le directeur), Hyacinthe Merrien, Constant Lecrubier, Jeanne Bourguignon, Mathilde Clémence... Mais il n'y croisera pas M. Honoré Le Dû, parti en retraite en 1923 (portrait ici).
Pour sa dernière année dans l’école, en 1937, sa classe est constituée d'un groupe de 42 garçons pour lequel l’inspecteur note : « Le niveau se trouve un peu faible, cette classe étant formée d’élèves un peu retardés. » (rapport du 29 octobre 1937)
 
Sans changer de commune, le 22 septembre 1938, M. Tréguy est nommé instituteur à l'école des garçons, au sein de l’École de rééducation, rue Beaumanoir à Dinan. Il est chargé de la première classe de la section des garçons (23 élèves) qui équivaut à un Cours élémentaire. Il deviendra directeur de cette école des garçons quelques années plus tard.

Marie-Ange Tréguy. Dinan 1938 Procès-verbal d'installation

Les différents rapports d’inspection nous donne des renseignements intéressants sur l’organisation de la classe dans ce qui était appelé, dans les années 30, « L’école des arriérés » puis dans les années 40 « L’école publique de rééducation ». Un changement dans l'appellation mais aussi dans les objectifs et dans les méthodes...
 
Une cour intérieure de l'établissement. Photo RF

Le 20 décembre 1938, après avoir vu une « leçon de choses » sur les outils du menuisier et un exercice de lecture où l’enseignant est très attentif au débit des élèves, l’inspecteur note dans la conclusion de son rapport : « M. Tréguy, s’il n’a pas encore l’expérience d’une classe d’arriérés, se documente et réfléchit. Les résultats qu’il a obtenus, en lecture et français particulièrement, la liaison qu’il cherche à établir entre la classe et l’atelier, témoignent de ses efforts consciencieux et de son esprit d’initiative. »
Il faut dire que l'école est bien dotée en personnel technique avec des chefs d’ateliers de cordonnerie, de menuiserie, de reliure, de jardinage et de travaux de la ferme. 
 
M. Métrope, jardinier à l'école de rééducation. 1952

Pendant la période de l'Occupation, l'école continue de fonctionner mais avec de nombreuses restrictions et difficultés.
 
M. Tréguy 1943. Promotion, sous l'autorité de l'inspecteur d'académie et du préfet J.Feschotte. Archives départementales


Inspecté le 28 avril 1944, on apprend que M. Tréguy est maintenant directeur. Il est aussi titulaire du C.A.E.A (Certificat d'Aptitude à l'Enseignement des Arriérés), un diplôme créé en 1909.
 
 
Il exerce dans un groupe de 19 élèves de 12 à 14 ans auquel s’ajoute une section de 6 apprentis. Les élèves sont amenés par leur instituteur à un niveau de CE2 et souvent de CM1 pour les meilleurs. Une bonne place est réservée à un enseignement pratique, par exemple à la vannerie, et des paniers utilisables sont confectionnés par les élèves. 
L’organisation pédagogique des classes de garçons en 1944, sous la direction de M. Tréguy est la suivante : 4ème classe Mlle Jouajan (initiation), 3ème classe Mme Briand (CP), 2ème classe Mme Huet (CP-CE1), 1ère classe M. Tréguy (CE2-CM1)
L'école dispose aussi de trois classes de filles.  
 
Dans chaque classe, le système d’enseignement est le système des groupes mobiles, complété ou rectifié par le principe de l’individualisation de l’enseignement.

En 1946, M. Tréguy est récompensé pour son travail et devient Officier d'académie (Ouest-France 26 novembre 1946). 
 

Le 8 juillet 1947, l’inspecteur est de nouveau dans la classe et il note que « l’effectif (26) est supérieur à celui compatible avec la bonne marche d’une telle classe ». En effet M. Tréguy a mis en place trois groupes pour le calcul, deux pour la lecture et des groupes spéciaux pour l’apprentissage professionnel. Sa discipline est jugée « libérale et paternelle ». L’inspecteur insiste sur le fait que « le maître sait apprendre à ses élèves à dominer progressivement leur système nerveux. » La leçon de choses du matin sur « l’écussonnage du rosier » a été appréciée.
 
En 1949, l’inspecteur apporte des renseignements intéressants sur l’engagement de M. Tréguy dans les œuvres post scolaires : Fête de la jeunesse, cours spéciaux pour les apprentis, participation aux examens organisés par la Chambre des Métiers. Dans la classe, en ce mois de février 1949, leçon de chant : « Par ce clair matin, les fraiches volontés sont tournées vers le maître, dont l’autorité est aussi ferme que paternelle. C’est l’heure des chants. Le premier est rythmé en marquant le pas. Bien qu’un peu rude, cette manière plait aux garçons. »
 
Le 29 avril 1950, l’inspecteur note que les élèves travaillent selon le régime des « groupes volants » afin que chacun suive, dans chaque discipline, l’enseignement correspondant à son propre niveau d’instruction. Les impressions de l’inspecteur sont toujours très favorables, les enfants ont de l’entrain à chanter, ils maîtrisent bien les notions élémentaires de calcul et de français comme dans une classe ordinaire de Cours moyen, la maître fait preuve de beaucoup de patience et de calme, de plus sa réputation n’est plus à faire : « M. Tréguy jouit à Dinan d’une considération bien méritée »…
 
La photo qui suit est extraite du livre du Dr Godard. 1947. On y voit M. Tréguy dans sa classe.


En avril 1953, M. Tréguy a la charge d’une classe de 21 garçons âgés de 12 à 14 ans mais avec des niveaux qui correspondent globalement à des enfants de 9 à 10 ans, comme le note l’inspecteur. Faire classe à ces élèves demande beaucoup d’énergie, l’inspecteur note : « Les rudes garçons qui composent la classe entonnent à pleine voix la chanson… ».
Les élèves ont des difficultés scolaires mais font bonne figure en sport. M. Tréguy les entraîne particulièrement en course à pied pour participer aux épreuves de cross-country dans le secteur. L’appréciation générale est très favorable : « M. Tréguy dirige avec expérience et autorité une école dont le prestige est connu et sa propre classe achemine les meilleurs élèves vers un niveau d’instruction qui, conformément aux buts mêmes de l’établissement, leur permettra de jouer un rôle utile dans la vie sociale ».
C’est la dernière inspection de M. Tréguy qui prend sa retraite en septembre 1954.
 
Papier à en-tête de l'Ecole de Rééducation de Dinan. Archives départementales

Marie-Ange Tréguy est décédé à l'âge de 91 ans, en juin 1990, les obsèques ont eu lieu à Saint-Cast (annonce parue dans Ouest-France le 11 juin 1990).
 

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Sources  
 
Archives de l'école Honoré-le-Dû
 
Archives départementales, dossier individuel.
 
Docteur Godard. L’École de Rééducation de Dinan, 25 ans au service de l’Enfance déficiente, 1947, édité par les Presses bretonnes. Archives départementales des Côtes d'Armor.

Recensement militaire 1918, registre St Brieuc-Dinan vue 502, ici  
 
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Fiche Généanet ici
 
Publication de cet article sur Facebook Dinan en septembre 2023.

Ci-dessous, une photo d'un article de Ouest-France du 11 mai 1950 où M. Tréguy pourrait figurer devant le bâtiment de l'école de rééducation où il était directeur (sans doute sur la gauche de l'image, en costume.)
 

 
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