dimanche 15 septembre 2024

Ecole des Soeurs de la Sagesse à Dinan

Ecole des soeurs de la Sagesse. Dinan
Rue Neuve (devenue rue de la Garaye)
1833-1907
Ecole privée catholique

 
Fille de la Sagesse instruisant les enfants

 

Les débuts de l'oeuvre scolaire des soeurs de la Sagesse à Dinan.

Les dames de la Sagesse sont installées depuis 1750 à Dinan. Elles possèdent un local consacré à l'éducation des enfants au 34 rue St Charles qui porte le nom d' Asile de l'enfance

Les activités éducatives de ces religieuses se concentrent surtout sur les jeunes enfants et les filles de familles pauvres. au départ, deux classes sont ouvertes.

En 1833 sur les huit religieuses dirigées par la supérieure Cécile Convèze, sœur Aimée, deux sont enseignantes : Modeste Poulain, sœur St Jules (1ère classe) et Octavie Melou, sœur Protégènes (2ème classe). 

 

En 1843, l'Asile de l'enfance se développe :

10 religieuses font la classe à 102 garçons de 2 à 7 ans et à 108 filles. (29) 

En 1847 ouvre l'Asile supérieur au sein du couvent de la Sagesse où 80 filles plus âgées de 7 à 12 ans suivent un autre enseignement. Sœur Marie Aimée, religieuse au fort tempérament, est la directrice.

 

"Les petites pensionnaires" en âge d'aller à l'école primaire sont nombreuses au couvent de la Sagesse. On trouve parmi elles un certain nombre d'orphelines.

 

1851. Archives municipales de Dinan

 

 

1851. Archives municipales de Dinan

 

 

L'Asile de l'enfance, une base pour la future école de La Garaye à Dinan.

Le premier Asile de l'enfance et l'Asile supérieur serviront de fondation à l'asile qui sera édifié en 1852 entre la rue de la Sagesse et celle de la Garaye. 

Il prendra, au fil des années, le nom d'école maternelle de Dinan, et sera complété sur le même site en 1868 par l'école communale des filles (gratuite). 

Les personnels religieux de la congrégation de la Sagesse vont constituer l'intégralité des enseignantes jusqu'à la laïcisation du primaire en 1902) et de la maternelle en1903. 

 

Documents : 1867

Dans une lettre (non datée, mais vraisemblablement de novembre 1867), le Maire informe la Supérieure des religieuses de la Sagesse à Dinan qu’il souhaite transformer la dénomination des classes des grandes de l’Asile en « école communale ». Il  rappelle les conditions d’exercice de l’Asile : c’est une école gratuite pour les filles, elle est subventionnée par le bureau de bienfaisance. Il ajoute que « la contrainte est d’avoir une institutrice breveté et de la soumettre à l’inspecteur »  et conclut par une belle formule « J’espère que la pensée d’être utile aux enfants pauvres et d’être agréable à la Ville, vous portera à accepter ma proposition. »

La réponse est favorable comme l’atteste un courrier du 2 décembre 1867, de la directrice de l’Asile (archives Mairie). Les dernières lignes montrent l’engagement des religieuses « Soyez persuadé monsieur le Maire que nous ferons tous nos efforts pour nous rendre dignes de la confiance que vous nous témoignez.

Votre très humble servante.

Sœur Marie Aimée. »

 

Le Maire peut alors s’adresser au Préfet.

« 18 décembre 1867,

Monsieur le Sous-Préfet,

J’ai l’honneur de vous adresser l’extrait d’une délibération par laquelle le Conseil municipal, pour se conformer à la loi du 10 avril 1837, a décidé la transformation en école publique de l’école libre actuellement tenue à Dinan, sous la dénomination d’Asile supérieur des filles, par les religieuses de la Sagesse.[…] Mme la Supérieure de la Sagesse a volontiers consenti à la combinaison proposée par le Conseil municipal […] Provisoirement au moins l’école se tiendra dans le local actuel […]

Le Maire propose que Sœur Marie Aimée dirige l’école publique des filles.

« J’ai lieu d’espérer que ce nom, qui offre de réelles garanties, sera agréé par vous et que vous voudrez bien la nommer officiellement, pour que l’école soit instituée régulièrement à partir du 1er janvier. »

 

 

 

 

L'école libre de la Sagesse

En parallèle des services rendus à la commune, les sœurs de la Sagesse ont aussi leur propre école, une « école libre », à l'intérieur de leurs murs et un internat composé par exemple d'une trentaine de jeunes filles en 1856.

En 1867, "L'école libre de filles" scolarise gratuitement 171 filles. La classe dure cinq heures par jour avec une heure de travail manuel quotidien.

 

Ecole libre de la Sagesse à Dinan. 1867. Archives municipales de Dinan

En 1882, les soeurs scolarisent 144 enfants de 6 à 13 ans : 139 filles et 5 garçons. L'école est sous la direction de la supérieure Sœur Elise Brédier.

Ecole libre de la Sagesse à Dinan. 1882. Archives municipales de Dinan

 

Ecole libre de la Sagesse à Dinan. 1882. Archives municipales de Dinan

 

Ecole libre de la Sagesse à Dinan. 1882. Archives municipales de Dinan

 

 

En 1886, dans un registre municipal, trente religieuses de la Sagesse sont logées sur place et répertoriées comme « Sœurs faisant partie du personnel fixe d'un établissement d'instruction soit privé soit public. » On trouve 4 enseignantes de l'école des filles de la Garaye (Félicité Chedemail 44 ans, Arsène Palvadeau 30 ans, Céline Barbereau 23 ans, Marie Panaget 59 ans). 

Cette longue liste prouve bien la vitalité de la congrégation dans le domaine de l'enseignement.

 


En 1887, on constate que 115 enfants sont scolarisés à l'école libre de la Sagesse. 

 


 

 

Le 5 septembre 1889, une demande appuyée par l'Inspecteur primaire est transmise à l'Inspecteur d'académie  pour ouvrir une école privée avec pensionnat. Il ne s'agit en fait que d'une mise en conformité avec des lois récentes de 1886. La direction assurée par Mlle Moricet passe aux mains de Sœur Marie Félicins (Mme Arniaud). L'inspecteur primaire rappelle que pour lui les locaux sont « sains, convenables et suffisants ». D'autre part, "Mme Arniaud remplie toutes les conditions d'âge, de capacité et de moralité nécessaires pour diriger une école privée et un pensionnat". C'est donc une simple formalité. 

 


 

En 1896, une autre liste distingue très nettement les religieuses enseignantes du public et celles du privé. 

Il s'agit pour les institutrices publiques des quatre déjà citées de la Garaye dix ans plus tôt et de Claire Tiron, Marie Chatenay, Ambroisine Sechet, Marie Heulin, Marie-Rose Gauthier. Celles du privé sont Mathurine Caurant, Eugénie Glorieux, Aurélie Lemouille, Marie Pinat, Mélanie Martin, Camille Grymonprez.

 

 

Mlle Renouard.10 octobre 1901 L'éclaireur dinannais

 

La fin de l'école libre de la Sagesse

 

On peut dire que depuis 1833 jusqu'à la laïcisation de l'enseignement, les soeurs enseignantes de la Sagesse vont toujours exercer de manière indépendante à Dinan, tout en se rendant utiles dans d'autres structures comme l'école maternelle et l'école communale des filles.

 

Très appréciée d'une grande partie de la population, les religieuses, avec à leur tête Félicité Chédemail, vont être expulsées de l'école de La Garaye qu'elles dirigeaient.

Leur mise à l'écart lors de la laïcisation de l'école en 1902-1903 a suscité une vive émotion à Dinan.

Le 4 septembre 1902, le journal L'éclaireur dinannais s'émeut et sonne la révolte en appelant la population à protester vigoureusement. 


4 septembre 1902. L'éclaireur dinannais




 

 


Le 20 septembre 1903, l'éclaireur dinannais évoque la laïcisation et l'ouverture d'une "garderie et de classes enfantines libres".

20 septembre 1903. L'éclaireur dinannais

 

Le 17 septembre 1903, c'est l'annonce du départ de soeur Marie de Dinan.

 

17 septembre 1903. L'éclaireur dinannais

 

Quelques jours plus tard le même journal, daté du 24 septembre 1903, est heureux d’annoncer à ses lecteurs que « La classe enfantine, qui a été ouverte lundi, sous la direction de sœur Marie, étant trop petite pour contenir ses nombreux élèves, on a procédé aussitôt à l’agrandissement du local ; et nous sommes heureux d’annoncer aux familles qu’elles peuvent y envoyer sans crainte leurs enfants ».

 

 

Les soeurs de la Sagesse ont donc immédiatement décidé d'ouvrir une école libre pour que leurs élèves les suivent. Cette tentative est couronnée de succès dans un premier temps mais ne résistera pas aux lois qui continuèrent à se mettre en place contre les congrégations. Voilà ci-dessous ce que résume François Delhommeau à ce sujet, avec le recul de quelques années en 1906 :

 

 
 

 

Lassées de cette guerre scolaire, les religieuses de la Sagesse finiront par quitter Dinan en 1907. 

La municipalité, ayant besoin de locaux scolaires et pensant faire construire une école neuve, sera même alors sur la piste du rachat de l'établissement des soeurs de la Sagesse, car le bruit courait que la congrégation pourrait les vendre comme on peut le lire le compte-rendu du Conseil municipal, le 28 mai 1907 dans L'éclaireur dinannais.


 

Après le départ des Soeurs de la Sagesse

 

Bien plus tard, dans les années 50, on sait que "L' école ménagère familiale de la Sagesse" fonctionnait au 3 rue de la Garaye.

16 juin 1959 Ouest-France


 

 

 Portrait de Félicité Chédemail

 

La photo représente Félicité Chédemail, dite sœur Marie Saint-Léonard, née à Janzé, Ille et Vilaine, le 22 décembre 1842. Cette religieuse de l'ordre de la Sagesse est la seule dont nous possédions une photo (certainement prise en 1906 par François Delhommeau). Elle n'a pas enseigné au sein du couvent mais a été institutrice à l'école maternelle communale (La Garaye) de 1879 à 1883. Elle en a ensuite assuré la direction, du 13 mars 1883 jusqu'en 1903, année de la laïcisation de l'école maternelle. 

Félicité Chédemail en 1906. Photo François Delhommeau.

 

 
 
Localisation de l’école 
des sœurs de la Sagesse 
 
1750, installation de la congrégation à Dinan
 
1833, création d'une école privée catholique dans le couvent
 
1847, ouverture de l'Asile supérieur dans le couvent
 
1852, ouverture de l'Asile de l’enfance, établissement public entre la rue de la Sagesse et la rue Neuve (devenue ensuite rue de la Garaye)

Présence de la congrégation avec une  intégration du personnel religieux dans l’école communale des filles rue de la Garaye de 1868 jusqu’en 1902 (primaire) et 1903 (maternelle).



 
Pour en savoir plus
 
Lien pour accéder à des documents sur l'école des soeurs de la Sagesse à Dinan, cliquer ici 
 

 

Sources


Dossier sur les écoles, archives municipales

 

La Garaye, une école à Dinan. Richard Fortat. Edition Le Pays de Dinan 2008

 

François Delhommeau, Histoire du vieux Dinan

 

Fonds Delhommeau, bibliothèque municipale de Dinan

 
 
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La photo ci-dessous est de 1930. En bas de l'image, on voit l'école de la Garaye, le couvent de la Sagesse avec ses grands jardins et ses différents bâtiments (dont ceux de l'école des Soeurs) et tout en haut, l'église Saint-Malo.
 
                        
                       Photo 1930. Services techniques de la Ville de Dinan.

 

 





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