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| Augusta Vidal, assise. 1928. Collection Chantal Paraire. |
On a certainement oublié un peu trop vite le travail accompli par Augusta Vidal en tant que directrice du Collège de filles de Dinan et de l'école primaire, rue Broussais. Pourtant elle exerça dans sa fonction une vingtaine d'années, de 1933 à 1952. Et, en toute discrétion, elle traversa la période de l'Occupation allemande et accompagna l'extension du Collège de Jeunes Filles, initiée en 1938 par le maire Michel Geitsdoerfer, et terminée après-guerre...
L’article ci-dessous retrace la carrière de cette personne entièrement dévouée à l’enseignement.
Origines familiales
Augusta Léonie Marcelline Marie Vidal (1890-1956) est née le 12 avril 1890 à Laure-Minervois (11800) dans l'Aude.
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| Naissance Augusta Vidal 1890 |
Elle est la
fille de François Vidal, instituteur, né à Escouloubre dans l'Aude, le 9 mars 1853, et décédé le 17 décembre 1924 (voir les documents ci-dessous).
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| Acte de naissance de François Vidal 1853 |
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| Acte de décès de François Vidal.1924. |
Augusta était l’aînée de la famille. Elle avait un frère, Patrice, né en 1891, ingénieur électricien, décédé en 1949. Son autre frère Lucien est né en 1896 et il est mort au combat en 1916 alors qu’il avait à peine 20 ans.
Enfin, Roger, né le 13 janvier 1903 à Laure-Minervois dans l'Aude, était viticulteur à Aigues-Vives dans l'Aude, marié à une institutrice. Il est décédé le 13 juin 1989 à Tours.
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| Vue panoramique d'Aigues-Vives, site de la Ville. |
Sur la photo ci-dessous, on reconnait Augusta Vidal au 1er rang dans sa
famille à Aigues-Vives dans l'Aude. A gauche, Léonie, née en 1868 ; derrière, le frère d'Augusta, Roger, né en 1903, viticulteur ; l'épouse de Roger, Annie Bataillé, née le 31 août 1904, décédée en octobre 1988, institutrice ; et le bébé n'est autre que Lucien Vidal, né le 23 juin 1927.
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| Augusta Vidal assise, septembre 1928. Collection Chantal Paraire. |
Études
Dans la revue L'enseignement secondaire des jeunes filles du 1er juillet 1912, on apprend qu'Augusta Vidal est inscrite au Concours pour l'obtention du Certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire des Jeunes filles et pour l'entrée à l’École supérieure de Sèvres, dans l'ordre des Lettres.
Le 1er janvier 1916, elle est reçue au Certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire des Jeunes filles dans la section des lettres où elle arrive en 25e position (ci-dessous).
Selon les souvenirs de son neveu Lucien, Augusta Vidal aurait aussi enseigné l’allemand à Haguenau en tant que professeur.
Mlle Vidal prend ensuite la direction du Cours secondaire de Sarrebourg dans les années 20 et au début des années 30 avant d'arriver à Dinan.
La note confidentielle du Préfet de Moselle, au moment de sa nomination à Dinan, est élogieuse : "Célibataire, digne de toute confiance."
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| Archives départementales |
Nomination à Dinan
Augusta Vidal rentre en fonction dans son poste à Dinan en janvier 1933 après le départ de Marie Talet. Ce n'est pas une succession facile car l'ancienne directrice vient alors d'être mutée à Angers après un violent conflit politique qui l'a opposé au Maire de Dinan de l'époque, Michel Geistdoerfer. On a obligé Marie Talet à partir en cours d'année scolaire et l'administration a dû trouver une personne pour la remplacer au pied levé...
Le premier courrier administratif d'archive, que l'on trouve signé de sa main au collège Dinan, évoque le décès d'une ancienne élève. Augusta Vidal demande à l'Inspecteur d'académie de pouvoir déplacer les cours afin qu'une délégation d'élèves puisse se rendre à l'enterrement.
Augusta Vidal 15 janvier 1934 Archives départementales 1T261
Mlle Vidal, que tout le monde appelle "Madame la Directrice", se retrouve à la tête d'un établissement qui comprend quinze personnes enseignant à des degrés divers : professeures, institutrices, répétitrices et monitrices. Sa secrétaire est alors Mlle Clément, une personne qui donnait en plus des cours de sport dans l’établissement. De l'avis de son neveu, témoin de cette époque, elle se plaisait bien à Dinan et ne se plaignait jamais de son métier. Sinon, on sait peu de choses sur la manière dont elle occupait les rares temps de liberté que pouvaient lui laisser sa fonction de directrice. Elle aimait surtout la lecture mais ne sortait pas au théâtre ou au cinéma. Elle avait de bonnes relations avec Monsieur et Madame Gouze, Antoine Gouze était son homologue au collège de Garçons. Elle appréciait également beaucoup le successeur de M. Gouze, M. Ferran. On voit par exemple, dans le document ci-dessous, que la cérémonie de distribution des Prix en juillet 1936, au collège de jeunes filles, est placée sous la présidence de M. Ferran.
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L'intégration d'Augusta Vidal à Dinan a certainement été favorisée par le fait qu'elle était une défenseuse de l'école laïque et qu'elle ne s'est jamais affichée à l'église, alors que c'était un reproche adressé à Marie Talet qui l'avait précédée dans le poste de directrice du collège de filles.
Lorsqu'elle retournait dans son sud natal, elle pratiquait la photo pendant ses périodes de grandes vacances mais à Dinan elle n'avait pas de local pour développer ses pellicules comme elle aimait le faire.
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| Archives départementales des Côtes d'Armor |
Dans les archives de l'amicale des anciens du Collège on trouve une photo d'un groupe du collège de filles (1936-1937), où l'on remarque la présence de Danièle Gouze qui deviendra, par mariage en 1944, Danièle Mitterrand (au premier rang, assise tout à fait à gauche). Fille du principal du Collège des garçons, elle suivait sa scolarité au Collège de filles, comme cela se faisait à cette époque. Au milieu d'élèves et de professeures, nous voyons Augusta Vidal, posant avec beaucoup de distinction.
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| Augusta Vidal en 1936 |
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| Remise des Prix 1939. Collège de jeunes filles de Dinan. |
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| Mlle Vidal 19 décembre 1939 Ouest-Eclair |
Mlle Vidal restera jusqu'à la fin de l'année scolaire 1952 à la tête de l'établissement dans une période très difficile puisqu'elle traversa la période de l'Occupation allemande et devra superviser d'importants travaux d'agrandissement du collège.
La famille Vidal à Dinan
Augusta demeurera célibataire, pour autant, elle eut l'occasion de s'occuper d'un neveu et d'une nièce qui vinrent chez elle dans les années 40 et suivirent une partie de leur scolarité à Dinan.
Un autre neveu, séjournera chez Augusta à Dinan, il s'agit de René Paraire, son neveu, né en 1919 ; fils d'Henriette Vidal (généalogie complète ici). Ce dernier commence une formation artistique dans les années 30 et devient peintre. Au moment de la Seconde guerre mondiale, il part en Angleterre, participe au Débarquement en Normandie en 1944 et il est blessé lors de la Libération de Paris. C'est là qu'il vient en convalescence à Dinan, chez sa tante, Augusta Vidal. Pendant son séjour, il représentera une belle vue du port de Dinan. (article à retrouver en cliquant ici ).
Les dernières années
Après être restée en poste pendant vingt ans, Augusta Vidal n'a pas profité de sa retraite pendant très longtemps. Elle est partie de Dinan le 23 septembre 1952, accompagnée par son neveu Lucien qui était venu la chercher, et raconte Lucien "avec tous ses chats qui lui étaient indispensables". Elle est retournée dans le sud où elle est décédée le 26 février 1956 à Aigues-Vives, à l'âge de 65 ans.
Ce portrait permet de rendre hommage à une femme qui a fait des études longues pour ce début de XXe siècle. Elle avait eu la chance de naître dans une familles où l'éducation comptait beaucoup. Elle doit ensuite à son travail d'avoir gravi de nombreux échelons dans l'enseignement. Sa vie a été toute dévouée à l'enseignement public.
Article écrit par Richard Fortat, novembre 2023, merci d'indiquer la source en cas d'utilisation même partielle.
Retour vers le sommaire de l'histoire des écoles de Dinan en cliquant ici
Sources
L'histoire du collège Broussais, dans ce blog, cliquer ici
L'histoire de Marie Talet, directrice du collège de Filles à Dinan, Résistante et déportée suite à ses engagements à Angers où elle a exercé après être partie de Dinan, cliquer ici
L'oeuvre de René Paraire à Dinan, neveu d'Augusta Vidal, un article à retrouver dans ce blog en cliquant ici
Correspondance et transmission de documents généalogiques de la part de Chantal Paraire.
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