François Le Meur en 1948 |
François Le Meur est né le 3 juin 1903 à Kergrist-Moëllou où son père
était boulanger. La famille est composée de 8 enfants.
Une carrière dans l'enseignement
Après sa scolarité primaire à l'école communale, François Le Meur devient élève au Cours complémentaire de Rostrenen. Puis
il entre à l’École normale où il étudie de 1919 à 1922. Il se marie en 1926 avec Germaine
Trouchard, institutrice elle aussi.
Les postes qu'il va occuper sont : La
Presnay, Evran, les Champs-Géraux, Caulnes jusqu'en 1938 et Pontrieux où il exerce comme directeur de l'école des garçons.
Puis il enseigne à l'école Honoré-le-Dû à Dinan du 1er octobre 1946,
comme directeur, en charge du Cours complémentaire jusqu'en 1958 (Sylvain Loguillard prendra la suite).
Germaine (Marie, Constance), née Trouchard est née le 16 juillet 1901 à Lamballe. Elle est élève à l’École normale de 1918 à 1921. Elle se marie avec François Le Meur
en 1926. Elle enseigne à Caulnes en même
temps que son mari puis à Pontrieux en 1938 où elle est directrice de
l'école des filles. Elle quitte Pontrieux pour venir à Dinan le 1er octobre 1945 où elle est aussi nommée à l'école Honoré-le-Dû. Des générations d'élèves pourront ainsi connaitre Madame puis Monsieur Le Meur !
François Le Meur, peintre
François Le Meur a toujours eu un goût prononcé pour les arts, la peinture et le dessin. Quand il est en poste à Caulnes, pendant son temps libre, le jeudi où il n'a pas classe, il suit les cours des Beaux-Arts à Rennes de 1929 à 1932. Il obtient une note de 12 sur 20 à la fin de son cursus, avec la mention "élève sérieux". C'est certainement un peu décevant pour quelqu'un qui aspirait au professorat de dessin. Ce projet aurait été entravé dans les années 30 alors qu'il était en poste à Caulnes et que les circonstances lui ont demandé d'assurer la charge de directeur. Ce n'est pas ce qu'il avait imaginé...
Ce solide bagage lui permet de pratiquer en amateur et de faire profiter de ses connaissances à ses élèves. L'inspecteur primaire en 1954 dit de lui : "A Dinan, quelque modeste soit le niveau de sa classe, les résultats en dessin surpassent tout ce que l'on peut voir chez ses collègues".
Alors qu'il est le directeur de l'école Honoré Le Dû, en 1954, il candidate pour le poste de professeur de dessin d'art appliqué au Collège technique de Dinan. L'Inspecteur Primaire appuie cette demande mais cette évolution dans sa carrière ne se fera pas.
En tant que peintre, il se fait connaitre sous le nom de Frank Le Meur,
cofondateur du Club des 7 avec Yves Floch, Jean Urvoy, Rochereau...
Dans sa peinture, Franck Le Meur représentait des natures mortes, des paysages de Bretagne, ceux de son enfance à Kergrist-Moëllou (église, pèlerinages, bretons jouant du biniou), ceux des bords de mer à Saint-Jacut (Marines) ou ceux de Dinan. Il était classé comme peintre figuratif dans ses premières années puis s'est orienté dans un style plus expressionniste, le symbolisme ("La Sagesse", "Le livre et le vieillard") en touchant aussi à l'abstraction.
Franck Le Meur a mis du temps pour faire sa place dans le milieu artistique. Dans un article de Ouest-France du 4 novembre 1949, on parle de lui comme d'un "sympathique artiste". Il faut dire que, ce jour là, il est affairé à réaliser six panneaux au Théâtre des Jacobins de Dinan pour le Bal des Parfums. "L'ensemble traité d'une touche légère constitue un décor absolument gracieux, et qui octroie à notre vieux casino une jeunesse, une fraicheur dont il avait, par parenthèses, plutôt besoin".
La reconnaissance viendra donc plus tard, on note par exemple que dans les années 60, il est sélectionné à la biennale du continent américain, il reçoit une Médaille d'or à une exposition à Nice en 1966 pour sa toile "Le Christ noir", il est finaliste au 18e Grand Prix international de peinture de Deauville en 1970 pour sa toile "L'Appel de la mer"...
Des Résistants dans la famille de François Le Meur
Louis, le frère de François Le Meur, est un personnage important de la Résistance, dans le secteur de Callac au départ puis sur toute la Bretagne. Il était également instituteur et militant communiste. Il termina sa carrière au Hinglé, participant activement à la vie de la commune.
Joseph, autre frère de François Le Meur, était lui aussi instituteur. Il s'illustra dans le syndicalisme et la Résistance. Il fut conseiller municipal.
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Et François Le Meur pendant l'Occupation?
Moins en vue que ses deux frères, François Le Meur a eu des soucis pendant l'Occupation.
Le 28 avril 1941, à la demande du Préfet des Côtes-du-Nord Jacques Feschotte, le commissaire de Police Spéciale mène une enquête "relative à l'activité éventuelle et présente, au point de vue politique de M. Le Meur..." Dans un courrier confidentiel du 27 mai 1941, le Commissaire expose le résultat de ses investigations : "Venant de Caulnes, M. Le Meur est arrivé à Pontrieux en octobre 1938. Dans cette dernière ville, il a bien donné l'impression d'avoir des tendances extrémistes. Toutefois il ne s'est livré à aucune propagande. Depuis les hostilités notamment, l'attitude au point de vue politique de M. Le Meur a été correcte. il n'y a pas lieu pour l'instant, d'envisager une activité quelconque de la part de l'intéressé, néanmoins, il continue d'être l'objet d'une surveillance discrète." (Archives départementales)
Toujours sous les ordres de ce Préfet qui ne manque pas de zèle, le Commissaire Spécial est ensuite diligenté pour effectuer une perquisition au domicile de François Le Meur en mai 1941. Un informateur avait signalé au Préfet que François Le Meur avait "chanté l'Internationale au cours d'une réunion dans un débit de boisson à Pontrieux."
D'après le Commissaire spécial, "au cours de cette perquisition aucun objet, ni papiers suspects n'ont été découverts. Le Meur se défend d'avoir milité dans le Parti Communiste, quoique déclarant avoir été sympathisant..."
L'Inspecteur d'Académie, le Procureur de la République et le Sous-préfet de Guingamp sont mis au courant de ces différents rapports.
Voilà des documents qui font froid dans le dos et qui montrent bien la surveillance exercée sur la population. Quant à François Le Meur, il est difficile de savoir s'il était effectivement moins engagé que ses frères, ou très discret ?
Documents d'archives à consulter en bas d'article...
Franck Le Meur est resté à Dinan avec son épouse au moment de sa retraite. Il a vécu rue du Val de
Rance et il est décédé le 2 mai 1991 à Dinan. On continue de trouver certaines de ses œuvres sur des sites de ventes...
Sources
Archives de l'école Honoré-le-Dû
Archives de Ouest-France
Archives départementales, dossier personnel de François Le Meur.
Site "Yves Floch et le Groupe des 7" (ici)
Site Le Maitron
31 mars 2022, Facebook, Le Pays de Dinan autrefois, publication d'Annie Lambert.
Acte de naissance 1903, vue 25, état civil en ligne.
Site Généanet, fiche ici
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Documents d'archives
1941 Archives départementales 22. Photo RF |
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