Les pensionnats de
garçons et les maîtres particuliers sont peu nombreux au début du XIXème siècle car la concurrence entre
les Frères et les maîtres de l'enseignement laïc leur laisse peu de place. En revanche, ceux
de filles sont en vogue.
De nombreuses écoles et pensionnats privés non religieux vont donc s'ouvrir à Dinan.
C'est un aspect peu connu de l'histoire de l'enseignement à Dinan où l'initiative privée et non religieuse échappe au contrôle de l’État et de l’Église.
Une autre particularité est celle de voir s'ouvrir des écoles destinées à des élèves venues d'autres pays.
Les écoles-pensionnats de Mme Desguez et des demoiselles Raffray. 1827-1851
Pension Desguez, Grande rue. Photo RF |
Le pensionnat privé de Mme Desguez fonctionnait déjà en 1827-1828 au n° 4 de la Grande rue. Une affiche conservée aux archives municipales récapitule l'ensemble des prix décernés cette année-là aux demoiselles de cet établissement.
On y enseignait le français, l'écriture, l'arithmétique, la religion, l'anglais, l'histoire de France, ancienne et romaine, la mythologie, le dessin, la musique, la couture, la broderie, le repassage... Le travail, l'application et la docilité étaient des valeurs récompensées.
Affiche 1828. Archives municipales |
Dans l'annuaire dinannais de 1833, on peut lire : « Madame Desguez s'attache à former les jeunes personnes qui lui sont confiées au travail, à l'ordre, à l'économie, à leur faire acquérir les connaissances et les talents qu'il est indispensable d'avoir dans la société dont elles sont destinées à faire partie. Aussi, le jour de la distribution des prix, les parents reconnaissants se rendent en foule dans la grande salle de la Mairie ; c'est un jour de fête pour la ville entière dont presque toutes les familles comptent quelques enfants dans cet établissement. »
Les filles viennent de Dinan, Dol, Loudéac, Rennes, Lorient mais de bien plus loin aussi : Jersey, Guernesey, Londres, Bristol, Plymouth, Philadelphie, New-York, Nazareth, l'île Maurice. Ces enseignements s'adressent, on le voit, à des familles aisées. Autre particularité, 16 filles sont protestantes.
Affiche 1828. Archives municipales |
Mesdemoiselles Raffrayprennent la suite de ce pensionnat après 1841 puisque cette année-là elles tiennent un pension rue du Cognet, près de St Sauveur.
Plan cadastral 1841. Archives municipales |
Immeuble de la pension Raffray. Rue du Coignet. Photo RF |
Sophie Raffray est la directrice et Emilie et Clara Raffray ainsi que Marie Mallet sont les trois autres institutrices. Il faut mentionner qu'une demoiselle Raffray est mariée avec le principal du collège communal de l'époque M. Joubin.
Raffray 1841. Archives municipales |
En 1848, elles en sont encore les responsables et ont 20 pensionnaires. En 1851, c'est Émilie Raffray qui a pris la direction, Grande Rue et l'équipe s'est étoffée avec trois jeunes institutrices : Eléonie Tourou 22 ans, Mélanie Joanolly 20 ans et Marie Tomsonn, anglaise de 23 ans. Fanny Morval, plus âgée (60 ans) est surveillante.
Raffray, Grande rue. 1851. Archives municipales |
Voici quelques renseignements supplémentaires sur Claire Raffray : Claire Raffray tenait avec ses soeurs une pension rue du Coignet à Dinan. D'après le certificat de décès découvert aux archives municipales on sait qu'elle s'appelait Claire-Etienne-Marie Raffray (1800-1849) née à Saint Servan (35), institutrice.
Les écoles-pensionnats de Dinan entre 1835 et 1896
En 1835, Mlles Leyder et Badouard possèdent également un pensionnat.
Des sources mentionnent aussi Mlle Butcher en 1838 comme directrice d'une pension rue du Cognet.
Mlle Droguet, quant à elle, exerce place du Champ pour les garçons et les filles avant de déménager en 1851 rue de la Lainerie (encore en 1855).
En 1846, une autre pension accueille 22 jeunes filles. Mlle Anna Berthier est la maîtresse de pension avec Clémentine Leclerc et Alexandrine Jacquelin comme institutrices.
En 1854, Pierre Dussauze, un jeune protestant, chassé de St Malo par les tracasseries administratives décide de s'établir comme "maître de pension". Il souhaite enseigner aux enfants de familles protestantes locales françaises et surtout britanniques. Mais, si les adversaires du protestantisme toléraient les Anglicans, ils ne souhaitaient pas qu'une telle pension s'installe à Dinan et décidèrent de tout faire pour étouffer ce projet.
Des journaux protestants publient, à l'automne 1854, un récit du Pierre Dussauze :
« Le 22 de juin [1854], j’ai été, comme un vil criminel, appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel de Dinan, pour avoir, en tout et partout, soulagé les malheureux qui se mouraient de misère (car il faut être en Bretagne pour se faire une juste idée de la pauvreté), parlé de l’Évangile et distribué, dans un certain nombre de familles, quelques-uns de nos traités religieux.
Enfin, après quelques remontrances de la part du juge, j’ai été condamné à 400 fr. d’amende et aux frais. Je ne dois pas oublier de vous dire que onze témoins avaient été assignés à cette occasion, et dans ce nombre se trouvait une femme de mauvaise vie, probablement payée pour dire d’affreux mensonges et me faire condamner; car tout le monde s’accorde à dire que j’ai été jugé sur sa déposition. Elle a déclaré au président qu’elle ne m’avait jamais vu, mais qu’elle avait ouï dire que j’avais dit que « tant qu’il y aurait des soutanes, les gens seraient malheureux... ».
En 1855, Mesdemoiselles Noblet sont Place des Cordeliers et Mlle Berthier a déménagé rue du Cognet. En 1856, Mlle Berthier scolarise dans sa pension dix sept jeunes anglaises, une créole, une autrichienne et neuf françaises.
Pension Berthier 1856. Liste d'élèves étrangères. Archives municipales |
En 1866, les demoiselles
Peffault de Latour dirigent un établissement privé de 4 classes (1ère classe :
Pauline Thomas, 2ème classe : Marie Cabaret, 3ème classe : Maria Howes, 4ème
classe : Marie Piquet). Les élèves sont récompensées comme le veut la tradition
lors de la distribution des prix. Plusieurs membres de l'administration et du
clergé assistent à cette fête au cours de laquelle Mlle Latour prononce un discours sur
l'Ordre, « aussi sagement pensé qu'élégamment écrit » nous dit la presse de
l'époque.
En 1867 (et au moins jusqu'en 1876), Mlle Gallet dirige un externat de filles où sont scolarisées de jeunes élèves françaises (Alsaciennes), Suisses (la famille Taffatz) et anglaises, la colonie britannique étant d'importance à l'époque. On note par exemple lors des distributions des prix les noms de Constance Dickinson, Grace Curtis, Ethel Roberts, Donah Bouton, Lizie Lodwell, Harriet Curtis etc.
Maximilienne Angèle de l'Aubespine a dirigé un pensionnat privé à Rambouillet de 1873 à 1878.
On sait que Maximilienne-Jeanne-Angèle-Philippe de
l'Aubespine est née à Madrid en Espagne le 10 mars 1825. Elle est la fille de Marie-Joseph-Alphonse et de Antoinette-Marie des Anges Gomez de Velasco, domiciliée à Paris au 14 rue Jacquemont. Elle est décédée, sans s'être mariée et sans descendance, à Dreux le 31 octobre 1895.
Arrivée à Dinan, elle ouvre en août 1887 un modeste cours d'enseignement primaire libre, en externat seulement, avec 9 élèves, au rez-de-chaussée du 26 Place Duguesclin. Elle transfère ses activités un peu plus tard rue Chateaubriand dans un local appartenant à M. de Marsan, sans cour de récréation. La demande est acceptée par les autorités car le cours n'est fréquenté que par une quinzaine de jeunes filles.
Courrier 1888. Archives municipales |
1929. Photo François Aubry |
Au 2ème rang : les deux plus petites sont les deux sœurs Aubry (Anne et Yvonne), une autre fille de cette rangée pourrait être Marguerite-Marie Dorange (née en 1916)
Au 3ème rang : Suzanne Trayer (avec un nœud dans les cheveux), Françoise de Chivré, Dubourblanc.
Une autre fille figure certainement sans que l'on puisse encore l'identifier. Il s'agit de Béatrice de Kersaintgilly.
Sources
La pension de Mlle de l'Aubespine place Duguesclin |
Desguez Mme
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1827
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4 grand'rue
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Raffray Sophie puis Raffray Emilie en 1851
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1841
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4 grand'rue
|
Raffray
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Avant 1841
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Rue du Coignet
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Mlle
Butcher
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1838
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Rue du Coignet
|
Mlle
Droguet
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1838
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place
du Champ
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Mlle
Droguet
|
1851
|
rue
de la Lainerie
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Mlle
Leyder
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1835
|
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Mlles
Badouard
|
1835
|
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Mlle
Anna Berthier
|
1846
|
|
Mlles
Noblet
|
1855
|
place
des Cordeliers
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Mlle
Anna Berthier
|
1855
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Rue du Coignet
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Mme
Rault-Maisonneuve
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Succède à Mlle Berthier
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Mlles
Peffault de Latour
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1866
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Mlle
Gallet
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1867
|
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Mlle
Fanny
Brown
(ou
Miss Brown) avec
Mlle Suzanne Egly, institutrice. Miss Shewell jusqu'en décembre 1895.
Miss Mac Callum prend la direction en 1897 |
1882
1897 |
Ker Even (en 1888), rue Broussais.
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Mlle
Musciani
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1882
|
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Maximilienne
Angèle de l’Aubespine
|
1887
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26
Place Duguesclin
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Maximilienne
Angèle de l’Aubespine
|
Après 1887
|
rue
Chateaubriand
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