Histoire des écoles de Dinan: Isidor Leyder (1802-1878), directeur de l'école mutuelle de Dinan 1833-1866

Isidor Pierre Louis Leyder est né à Dinan le 13 septembre 1802, le 26 fructidor de l'an 10 de la Révolution sur l'acte de naissance. A noter que ce prénom s'écrit Isidor ou Isidore, avec un e.

Etat civil de la mairie de Dinan. Photo RF

Il se marie le 15 février 1830 à Châteauneuf (35) avec Émilie Françoise Mallard, née le 12 février 1808 à Châteauneuf, dont le père est juge de Paix à Châteauneuf. Le couple va avoir plusieurs enfants : Auguste Maximilien, né le 28 avril 1834 à Dinan et Célina Eugénie, née le 18 février 1837 à Dinan, décédée le 21 juin 1904 à Dinan à l'âge de 67 ans. On sait que Célina restera célibataire, elle habitait 11 rue Michel au moment de son décès. Son frère, Auguste, vivra à Angers. Le couple aurait eu une autre fille également, Émilie, née en 1832, mais il ne s'agit que d'une mention dans le recensement, l'acte n'a pas été retrouvé. On peut donc préciser que dans le recensement de 1836 Isidore Leyder est répertorié comme chef de pension ainsi qu’Émilie Mallard, sa compagne, Émilie Leyder 4 ans, Auguste 2 ans et Eugène Mallard 14 ans. Tous vivent sous le même toit rue de l'Horloge. (voir en fin d'article les différents documents d'état civil...)

Décès Célina Leyder, 25 juin 1904 Ouest-Eclair

Une carrière dans l'enseignement à Dinan

Il n'a pas été le premier instituteur à Dinan mais il a bien été le premier directeur de l'école mutuelle de Dinan en 1833. On disait aussi à cette époque "maître de pension". La pédagogie mutuelle demande que l'instituteur forme de petits groupes dans la classe, souvent très nombreuse à cette époque. Le système repose sur l'aide des plus grands vis à vis des plus jeunes.

Affiche 1835 avec signature de M. Leyder, mairie de Dinan. Photo RF

On ne sait pas avec précision où M. Leyder avait été formé comme instituteur, sans doute pas à l'école normale de Rennes (ouverte en 1831). Peut-être a-t-il été formé par un maître remarquable, Louis-Etienne Campion, et ce comme 50 autres enseignants dans L'école modèle de Saint-Brieuc qu'il dirigera entre 1831 et 1835 ? Formé à L'école modèle de Paris, M. Campion deviendra en 1835 le premier inspecteur primaire du département.

L'installation d'Isidor Leyder à Dinan date de l'année 1833. Dans un courrier du 18 septembre 1833, le recteur de l'Académie avertit le maire de Dinan : « J'ai écrit au Sieur Leyder de se rendre le plus tôt possible à Dinan, afin de s'entendre avec vous pour l'ouverture de l'école Mutuelle ». C'est le début d'une longue carrière.

Il reçoit la médaille de bronze de l'enseignement en 1839 et il est désigné pendant de nombreuses années par les autorités comme le seul instituteur membre du comité de l'Instruction primaire de l'arrondissement de Dinan. Il fut le défenseur inlassable auprès de la municipalité d'un enseignement de qualité comme le prouvent les très nombreuses lettres qu'il a adressées aux différentes municipalités de la Ville.

1834, lettre de réclamation de M. Leyder à la municipalité. Mairie de Dinan

1835. Courrier de M. Leyder. Archives municipales

Isidore Leyder va tout d'abord installer son école dans une maison particulière rue de l'Horloge. Puis il y aura un changement de lieu car en 1841 le bail de la rue de l'Horloge est venu à échéance.
M. Leyder va alors rentrer dans des locaux rue de Léhon, dans l'enceinte du collège. Mais nous n'avons pas les détails sur ce bâtiment et cette école en mauvais état sera reconstruite en 1876, M. Leyder n'y exercera donc pas ayant pris sa retraite en 1866.

Ancienne école mutuelle de Dinan. Photo RF

Le nouveau bâtiment construit en 1876 dans l'enceinte du collège rue de Léhon.

Plan 1876.

Il restera directeur pendant 33 ans jusqu'en 1866, contribuant ainsi au développement et au rayonnement de l'enseignement primaire. C'est l'organisation de cette école qui servira de base à l'école communale des garçons de la ville.

Il aura marqué de son empreinte les débuts de l'histoire de l'enseignement primaire à Dinan.

Un nouveau défi 1867

Au tout début de sa retraite, il relèvera le nouveau défi d'ouvrir une école privée de garçons à partir du 2 avril 1867, rue Chauffepieds. Il était secondé par son épouse et par sa fille. Après le décès de M. Leyder en 1878, c'est sa fille aînée qui prendra la direction de cette école privée pendant quelques années. Les locaux n'étaient plus les mêmes ayant été déménagés sur le Jardin anglais "dans l'immeuble qui fait suite à la villa [...] dont l'arrière donne sur la rue des Remparts", d'après un témoignage trouvé dans L'Union malouine et dinannaise le 10 octobre 1923.

Localisation de l'école de Mlle Leyder d'après le témoignage ci-dessous

Localisation de l'école de Mlle Leyder, en face de celle d'Auguste Pavie.

Un témoignage

Nous avons, pour mieux cerner ce personnage, un témoignage qui nous est, par chance, parvenu dans un récit publié par le journal L'Union malouine et dinannaise le 10 octobre 1923.
L'ancien élève tenait à rendre hommage à M. Leyder « un brave et excellent homme ». L'école était alors installée à l'entrée de la rue Chauffepieds, dans l'immeuble contigu au presbytère de l'église St Sauveur.
« M. Leyder s'occupait des plus âgés de ses élèves et les plus petits confiés aux soins de ses deux filles qui le secondaient de façon fort intelligente avec infiniment de patience et de dévouement, qualités indispensables à ceux et celles dont la tâche est d'éveiller et d'intéresser la vie des jeunes bambins pensant bien plus au jeu qu'à l'étude.
Lorsque les nécessités du ménage, dont la plus jeune des demoiselles Leyder était particulièrement chargée, tenaient celle-ci un instant éloignée de ses écoliers, c'est à la bonne maman Leyder qu'incombait la charge de les garder et de les surveiller. Madame Leyder était infirme et ne marchait qu'à l'aide d'une canne.
Dans nos jeunes cervelles, bien étourdies pour la plupart, y avait-il place cependant à un sentiment de compassion ? Il faut le croire car chacun s'efforçait de rendre légère la surveillance de Madame Leyder et de se montrer, envers elle, d'une docilité exemplaire. Souvent, en ce cas, une récompense (et la récompense était joliment appréciée) nous était octroyée. On avançait l'heure de la récréation qui se prenait dans une courette située derrière la maison et précédant une large allée allant jusqu'aux jardins de la Victoire.
Plus tard, l'école fut transportée sur le jardin anglais, dans l'immeuble qui fait suite à la villa [...] dont l'arrière donne sur la rue des Remparts.
A la mort de M. Leyder, sa fille aînée, durant plusieurs années, conserva la direction de cette institution où débutèrent des centaines de nos concitoyens avant leur entrée au collège dans les classes primaires auxquelles l'enseignement consciencieux et éclairé qu'ils avaient reçu rue Chauffepieds ou jardin anglais du vieux maître aimé ou de sa fille, les avait fort bien préparés...»

Fin de vie d'Isidor Leyder

Le 22 mai 1878 Isidor Leyder meurt, à son domicile rue Néel de la Vigne.

Registre d'état civil, mairie de Dinan. Photo RF

Isidor Leyder est enterré au cimetière de Dinan où l'on peut toujours voir sa tombe juste sur la gauche après avoir franchi le portail. En mai 2025, à l'occasion du printemps des cimetières, une évocation de sa vie a été partagée à Dinan par Francis Cauwel (ancien principal et membre de l'association des anciens élèves du collège).

Francis Cauwel, mai 2025. Photo Ouest-France

A suivre dans ce blog

L'histoire de l'école mutuelle de Dinan, ici

Pour en savoir plus

Les écoles primaires aux 19ème et 20ème siècle à Dinan, Le Pays de Dinan 2015. Disponible en consultation à la Bibliothèque de Dinan.

Sources

État civil de Dinan. Acte de décès 1878 Dinan, vue 327, cliquer ici

Registre des mariages, 1830, Châteauneuf (35), cliquer ici

Registre des naissances 1834 Dinan, Auguste, image 176, cliquer ici

Registre naissances 1837 Dinan, Célina, image 147, cliquer ici

Registre des décès, 1904 Dinan, Célina, cliquer ici

Archives municipales de Dinan et archives départementales.

Pour les abonnés à Ouest-France, lien vers l'article de mai 2025 sur le Printemps des cimetières, ici.

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