Jeanne Marie Joséphine Bertro est née le 27 février 1893 à Dinan. Elle se marie le 6 avril 1920 à Dinan avec Jean Menard, menuisier.
Annonce du mariage dans la presse 21 mars 1920 Ouest-Eclair |
Registre des naissances, Jeanne Bertro Dinan 1893 Vue 33 Archives 22 |
Registre des naissances, Jeanne Bertro Dinan 1893 Vue 33 Archives 22 |
Suzanne, fille de Mme Menard
L’année suivante le couple, domicilié au 20 rue Thiers à Dinan, a une fille nommée Suzanne, née le 30 janvier 1921 à Dinan. Suzanne rentre l’École normale de Saint-Brieuc puis effectue des remplacements dans les Côtes-du-Nord. A la Libération, elle rencontre Alcide Lemoine à Lanrelas où elle enseignait. Celui-ci revient d'Allemagne où il était prisonnier. Ils se marient le 22 juillet 1946. Alcide rentre à la S.N.C.F à Paris en tant qu'aiguilleur et son épouse le suit. La famille habitera en Seine-et-Marne à Presles-en-Brie, Gretz, Armainvilliers. Leur fille Jeanne-François va naître le 12 février 1950 à Presles, dans l'école des filles.
Registre d'état-civil ci-dessous. Naissance Suzanne. Mariage de Suzanne et d'Alcide Lemoine. Mention de décès en 1982 à l'hôpital de Léhon-Dinan.
Registre des naissances, Suzanne Ménard Dinan 1921 Archives 22 |
Une enseignante exigeante
Jeanne Menard a marqué l'école de son empreinte et beaucoup de ses anciens élèves en ont gardé un souvenir impérissable. Eugène Doublet (1930-2013), longtemps conseiller municipal à Dinan, a été son élève. Il a conservé précieusement la photo de la classe où Mme Menard était son institutrice en classe enfantine et CP. Il se tient juste devant elle, sur sa gauche (photo ci-dessous).
Eugène Doublet était un
excellent élève de l’école Broussais. Nous avons pour preuve ses résultats
affichés au Palmarès de l’année 1936 en classe de Onzième, ce qui est l’équivalent
du Cours préparatoire. Il obtient le Prix d’excellence,
le premier prix de vocabulaire, de grammaire, de lecture, de récitation ; le
deuxième prix de calcul et l’accessit en chant : de solides bases pour celui qui sera reçu à l'E.N.A des années plus tard.
1935-1936. Classe enfantine Broussais. Photo collection Eugène Doublet. |
1936-1937. Classe enfantine, CP. Broussais. Photo collection Eugène Doublet. |
Au début des années 50, on retrouve encore Mme Menard sur deux photos de classe. Celle de 1951-1952 marque la fin de sa carrière.
1950. Classe de Mme Menard. Broussais. Françoise Bellin à droite de Mme Menard. |
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Anne-Marie Pigeron est également élogieuse : "Je garde un merveilleux souvenir de Mme Menard, elle nous appelait "ses ouailles". (Témoignage de novembre 2023)
Une personne exigeante
Mais tous les témoignages ne vont pas dans le même sens. Ainsi Françoise Bellin, en décembre 2023, écrit : "Madame Menard a été mon institutrice en 1950. Elle m'a marquée par sa dureté, par son manque de bonté, sa pédagogie d'un autre temps (coup de règle sur les doigts). Elle enseignait au lycée de Jeunes Filles dans les classes enfantines. Une de ses collègues était Madame Hesry. Je pense que Madame Menard a beaucoup fait par son attitude, par son manque d'humanité pour dégouter les élèves de l'école. Cela n'a pas été mon cas puisque j'ai fini comme Proviseur sur Paris".
Voilà un souvenir qui tranche sur d'autres mais le fait que cela se passe à la fin de carrière de l'institutrice explique en partie les attitudes décrites. D'autre part, il faut savoir que dans les années 50 (et bien plus tard) les châtiments corporels à l'école, et dans les familles, étaient assez habituels...
Il n'empêche, le témoignage de la petite fille de Mme Menard révèle que cette dureté n'était pas réservée au cadre scolaire. Elle se souvient de sa grand-mère et des séjours à Dinan, de courts séjours mais, pour elle, « beaucoup trop long car c'était la discipline, il fallait obéir. Nous allions manger chez ses amies, bien sûr enseignantes, et les repas s'éternisaient, je ne bougeais pas de ma chaise et j'attendais l'ordre de me lever. Quelle corvée ! »
[…] Pendant mon adolescence, elle nous emmenait en vacances à l'hôtel pendant au moins 15 jours. Tous les jours, nous faisions des excursions et le soir, rapport de la journée, dictée tous les jours. Pour Noël, elle venait à Paris et nous allions toujours au spectacle Mogador, Le Chatelet.... Pendant ses séjours en Seine-et-Marne, elle visitait, seule, Paris. Elle voyageait beaucoup par le car en Europe, toujours seule. »
Fin de carrière
Après-guerre, le 2 octobre 1948, Mme Menard perd son mari. Elle prend sa retraite au début des années 50. A l’issue de sa carrière, Mme Menard est décorée Officier de l’ordre des Palmes académiques en août 1957 (Ouest-France 12 août 1957, ci-dessous).
En retraite, Mme Menard reste à Dinan.
En 1970/71, elle fait un A.V.C. Sa petite fille se souvient de la volonté qu'elle a manifestée dans cette épreuve : "Elle ne parlait plus et n'écrivait plus. A force de courage, elle a réappris à écrire et à reparler".
Finalement, elle décède à Dinan le 6 février 1971 à l'âge de 78 ans.
Sources
Archives départementales, collège 1T1113 (Livret de distribution des prix en 1936 et 1939)
Archives départementales. Registres naissances et mariages
Site Généanet, fiche sur Jeanne Menard, née Bertro, ici
Archives de Ouest-France.
Article dans ce blog sur l'histoire de l'école Broussais, cliquer ici
Entretiens avec Eugène Doublet et avec Mme Urvoy en 2010.
Correspondances en décembre 2023 et février 2024 avec la petite fille de Mme Menard, Jeanne-François.
Lien pour accéder au site "Copains d'avant" École Broussais Dinan, cliquer ici
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