samedi 16 août 2025

Eugène Doublet (1930-2013), ancien élève des écoles publiques de Dinan, conseiller municipal

 

Eugène Doublet (en 2001)
 
Eugène Doublet est né en 1930 à Dinan, son père était représentant en mercerie, engagé dans la vie municipale à gauche. Eugène Doublet conservait de précieux documents sur les écoles de Dinan comme ce cahier de sa mère datant de 1906-1907. Sa mère, Gabrielle Brasset, était élève à l’école de La Garaye.
 

Il va acquérir toutes les bases de la scolarité à Dinan, tout d'abord à l’école Broussais dans la classe de Mme Menard dont il parlait avec admiration.
Il avait également gardé des photos de classe de sa jeunesse à Broussais.
Eugène Doublet, debout à la gauche de Mme Menard. Photo transmise à la Bibliothèque par R. Fortat
 
Eugène Doublet est assis tout à fait à gauche. Classe enfantine 1936-1937 Ecole Broussais avec Mme Menard.
Puis à l’école communale Honoré-le-Dû de 1936 à 1941, il réussit brillamment et enfin, il continue au collège de Dinan (aujourd'hui le collège Roger-Vercel). 
 
L'ENA et au ministère
Plus tard, à l'issue de ses études à Rennes, il va obtenir un doctorat en droit avec mention bien. Il présente et soutien à cette occasion une thèse sur Yves Guyot, son action, sa pensée. Ouest-France s'en fait l'écho dans un article daté du 15 avril 1955 et le félicite : "Nous lui présentons nos très vifs compliments."
Il sera reçu à l'ENA (l'École Nationale d'Administration)
, dans la promotion Saint-Just
Devenu administrateur civil à l'Éducation nationale, il avait d’importantes responsabilités dans ce ministère où il avait notamment contribué à la rédaction de la première loi sur le voile islamique. 
Il fit valoir ses droits à la retraite en 1991. 
Un homme engagé dans la vie municipale
Ses convictions de gauche l’ont amené à s’engager dans la vie politique avec les Radicaux de gauche dont il fut Président départemental jusqu'en 1993. Mais c'est surtout dans la vie municipale qu'il mènera des combats. Tout d’abord élu en 1989 sur la liste de Didier Morel, il siège dans l’opposition. 
 
Ci-dessous, en 1993 à l'occasion de la visite de Danièle Mitterrand au collège de Dinan, on reconnait à gauche Simone Vercel, Eugène Doublet, Charles Josselin, Danièle Mitterrand
 
Photo Ouest-France

Eugène Doublet est ensuite réélu conseiller municipal en 1995 et 2001, jusqu'en 2008. Ses interventions dans les débats étaient toujours argumentées et de qualité. Rappelons en particulier, à propos des écoles, le débat municipal en 1999 où il vota pour la fermeture de l’école Honoré-le-Dû et de Broussais et qui fut un moment particulièrement pénible pour lui. En 2002 il prit une part active dans le débat sur le contrat avec l'école Diwan revendiquant son opposition : "Nous sommes en pays gallo. Installer une école en breton à Dinan n'est pas logique. Je suis jacobin et fier de l'être: ce sont eux qui ont inventé la République"...
On l'a souvent vu dans le combat pour le maintien et pour le développement de la gare de Dinan avec en particulier Michel Gaudin et Théo Marteil. Il a aussi été secrétaire de l'amicale des anciens élèves du collège Roger Vercel.
Un grave accident l'avait diminué après une chute dans les escaliers en granit de la mairie, à la sortie d'un conseil municipal en novembre 2004.
Eugène Doublet est décédé le 8 octobre 2013 à l'âge de 83 ans et sa tombe se trouve au cimetière de Dinan.
Sources

Entretiens avec Eugène Doublet en 2006

Lire l'article d'Eugène Doublet : Les dix ans du club lecture de la bibliothèque municipale, Le Pays de Dinan 2001.

Thèse d'Eugène Doublet sur Yves Guyot (disponible sur consultation à la bibliothèque de Dinan)

Site Généanet, fiche sur Eugène Doublet père, cliquer ici

Retour vers le sommaire du blog des écoles de Dinan en cliquant ici

DOCUMENT

Un article du 2 juillet 1999 dans Ouest-France où Eugène Doublet confie ses souvenirs de l'école. Des propos recueillis alors par Denis Riou.

"M. Lecrubier, en CP ; M. Huet, en CE1 ; M. Merrien, en CE2 ; M. Moisan en CM1 ; M. Briand, en CM2". Un peu comme une récitation à jamais gravée en mémoire, Eugène Doublet est capable d'aligner avec une mémoire sans faille le nom de tous les instituteurs qu'il a connus à Honoré le Dû, de 1936 à 1941. "Ils m'ont tellement marqué. Ils nous ont tellement marqués, devrais-je dire. Quand on se rencontre avec quelques anciens élèves, on a tous des souvenirs en commun, des anecdotes. M. Merrien, qu'on appelait le petit-père moins 5 parce qu'il arrivait toujours un peu avant l'heure". L'admiration et la reconnaissance se mêlent au fil du témoignage. "C'étaient tous d'excellents instituteurs, rigoureux et justes. Des instituteurs façon IIIe République. Avec le temps, forcément on enjolive, mais pour les élèves de ma génération, l'instituteur c'était celui qui creuse les fondations. Et les fondations étaient drôlement bonnes. Certains habitaient de presque taudis". La communale des souvenirs d'Eugène Doublet, c'était l'unique école publique de garçons à Dinan. Elle n'avait pas tout à fait bonne réputation. La bonne éducation, c'était plutôt les frères des écoles chrétiennes. "L'animosité avec les écoles catholiques était encore assez forte. Je me souviens que, dans la cour, arrivaient chaque matin 4 à 5 enfants de l'Assistance publique dans leur uniforme noir et triste. Ils étaient logés dans le couvent des Catherinettes. La profession de mon père, représentant en mercerie-bonneterie, nous classait plutôt dans la petite bourgeoisie, mais de nombreux enfants d'extraction modeste étaient scolarisés à Honoré-Le-Dû. Certains habitaient les presque taudis de la rue du Jerzual. Honoré-Le Dû, c'était aussi cela, la communale, creuset où se côtoyaient différentes classes sociales. A la fin de l'année, traditionnellement on partait à Dinard en micheline. Chaque gamin emportait son pique-nique. On n'était pas tous à égalité avec le contenu de nos paniers, mais on partageait". Dans la cour de récréation en terre et en cailloux, le petit Eugène jouait au Tour de France. "On dessinait un vague circuit dans la terre. On s'attribuait des noms de coureurs de l'époque. Moi, je voulais être Jean-Marie Goasmat. C'était un bon grimpeur, mais il freinait dans les descentes... Ou alors on jouait aux billes ou aux gendarmes et aux voleurs. De temps en temps, au calibobo. J'ai jamais vraiment su pour quoi ce jeu s'appelait comme cela. Tantôt les maîtres nous l'interdisaient, tantôt ils le toléraient. Deux ou trois élèves s'appuyaient avec les bras face au mur. Le jeu consistait à faire une pyramide en sautant sur les épaules des copains. La rentrée des classes se faisait en rang et en silence, s'il vous plaît. On s'alignait au pied des escaliers devant chaque classe et sans bousculade. Il fallait présenter les mains des deux côtés. Si jamais elles étaient sales, on était prié d'aller se les laver ¬ à l'eau froide évidemment ¬ dans les sanitaires. A l'époque, les toilettes étaient au milieu de la cour. Elles formaient une séparation que prolongeait une sorte de ligne invisible entre la cour des petits et des grands. Même pendant les récréations, jamais on aurait osé la franchir. Dans la salle de classe, un poêle au bois servait de chauffage. Chaque soir avant de partir, deux élèves étaient désignés pour l'allumer le lendemain. Il fallait arriver plus tôt, mais nous considérions cela comme un honneur. En compagnie de l'instituteur, on chargeait le petit bois, les bûches, puis on craquait l'allumette. Craquer l'allumette, c'était quelque chose. Dès le début de la guerre, le bois de chauffage était rationné. Il faisait tellement froid dans la salle que l'encre gelait dans l'encrier certains matins. On se disait : "Chic, au moins ce matin, il n'y aura pas dictée". La dictée, c'était le rituel du matin. Surtout l'année du certificat d'étude. Le certif, c'était l'objectif. La journée était rythmée par des matières : arithmétique, conjugaison, chant. Même si je n'en suis pas nostalgique, à chaque époque son style d'enseignement, cette rigueur me plaisait. Elle rendait service. On sortait avec un bon bagage, parce qu'à cette époque, c'était le bagage de toute une vie". 

Peu de temps après la parution de cet article il avait tenu à faire une mise au point... (10 mars 2003 Ouest-France)


 
Décès, 11 octobre 2013 Ouest-France



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire