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Eugène Doublet est assis tout à fait à gauche. Classe enfantine 1936-1937 Ecole Broussais avec Mme Menard. |
Entretiens avec Eugène Doublet en 2006
Lire l'article d'Eugène Doublet : Les dix ans du club lecture de la bibliothèque municipale, Le Pays de Dinan 2001.
Thèse d'Eugène Doublet sur Yves Guyot
(disponible sur consultation à la bibliothèque de Dinan)
Site Généanet, fiche sur Eugène Doublet père, cliquer ici
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DOCUMENT
Un article du 2 juillet 1999 dans Ouest-France où Eugène Doublet confie ses souvenirs de l'école. Des propos recueillis alors par Denis Riou.
"M. Lecrubier, en CP ; M. Huet, en CE1 ; M. Merrien, en CE2 ; M. Moisan en CM1 ; M. Briand, en CM2". Un peu comme une récitation à jamais gravée en mémoire, Eugène Doublet est capable d'aligner avec une mémoire sans faille le nom de tous les instituteurs qu'il a connus à Honoré le Dû, de 1936 à 1941. "Ils m'ont tellement marqué. Ils nous ont tellement marqués, devrais-je dire. Quand on se rencontre avec quelques anciens élèves, on a tous des souvenirs en commun, des anecdotes. M. Merrien, qu'on appelait le petit-père moins 5 parce qu'il arrivait toujours un peu avant l'heure". L'admiration et la reconnaissance se mêlent au fil du témoignage. "C'étaient tous d'excellents instituteurs, rigoureux et justes. Des instituteurs façon IIIe République. Avec le temps, forcément on enjolive, mais pour les élèves de ma génération, l'instituteur c'était celui qui creuse les fondations. Et les fondations étaient drôlement bonnes. Certains habitaient de presque taudis". La communale des souvenirs d'Eugène Doublet, c'était l'unique école publique de garçons à Dinan. Elle n'avait pas tout à fait bonne réputation. La bonne éducation, c'était plutôt les frères des écoles chrétiennes. "L'animosité avec les écoles catholiques était encore assez forte. Je me souviens que, dans la cour, arrivaient chaque matin 4 à 5 enfants de l'Assistance publique dans leur uniforme noir et triste. Ils étaient logés dans le couvent des Catherinettes. La profession de mon père, représentant en mercerie-bonneterie, nous classait plutôt dans la petite bourgeoisie, mais de nombreux enfants d'extraction modeste étaient scolarisés à Honoré-Le-Dû. Certains habitaient les presque taudis de la rue du Jerzual. Honoré-Le Dû, c'était aussi cela, la communale, creuset où se côtoyaient différentes classes sociales. A la fin de l'année, traditionnellement on partait à Dinard en micheline. Chaque gamin emportait son pique-nique. On n'était pas tous à égalité avec le contenu de nos paniers, mais on partageait". Dans la cour de récréation en terre et en cailloux, le petit Eugène jouait au Tour de France. "On dessinait un vague circuit dans la terre. On s'attribuait des noms de coureurs de l'époque. Moi, je voulais être Jean-Marie Goasmat. C'était un bon grimpeur, mais il freinait dans les descentes... Ou alors on jouait aux billes ou aux gendarmes et aux voleurs. De temps en temps, au calibobo. J'ai jamais vraiment su pour quoi ce jeu s'appelait comme cela. Tantôt les maîtres nous l'interdisaient, tantôt ils le toléraient. Deux ou trois élèves s'appuyaient avec les bras face au mur. Le jeu consistait à faire une pyramide en sautant sur les épaules des copains. La rentrée des classes se faisait en rang et en silence, s'il vous plaît. On s'alignait au pied des escaliers devant chaque classe et sans bousculade. Il fallait présenter les mains des deux côtés. Si jamais elles étaient sales, on était prié d'aller se les laver ¬ à l'eau froide évidemment ¬ dans les sanitaires. A l'époque, les toilettes étaient au milieu de la cour. Elles formaient une séparation que prolongeait une sorte de ligne invisible entre la cour des petits et des grands. Même pendant les récréations, jamais on aurait osé la franchir. Dans la salle de classe, un poêle au bois servait de chauffage. Chaque soir avant de partir, deux élèves étaient désignés pour l'allumer le lendemain. Il fallait arriver plus tôt, mais nous considérions cela comme un honneur. En compagnie de l'instituteur, on chargeait le petit bois, les bûches, puis on craquait l'allumette. Craquer l'allumette, c'était quelque chose. Dès le début de la guerre, le bois de chauffage était rationné. Il faisait tellement froid dans la salle que l'encre gelait dans l'encrier certains matins. On se disait : "Chic, au moins ce matin, il n'y aura pas dictée". La dictée, c'était le rituel du matin. Surtout l'année du certificat d'étude. Le certif, c'était l'objectif. La journée était rythmée par des matières : arithmétique, conjugaison, chant. Même si je n'en suis pas nostalgique, à chaque époque son style d'enseignement, cette rigueur me plaisait. Elle rendait service. On sortait avec un bon bagage, parce qu'à cette époque, c'était le bagage de toute une vie".
Peu de temps après la parution de cet article il avait tenu à faire une mise au point... (10 mars 2003 Ouest-France)
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Décès, 11 octobre 2013 Ouest-France |
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